Né en 1972, Nadjib Alioua est un styliste franco-algérien, installé à Paris. Ses créations sont la résultante d'un travail soigneusement réfléchi. Entretien avec ce styliste aux ambitions sans limites. - Comment avez-vous basculé dans l'univers de la mode ? A vrai dire j'ai toujours baigné dans l'univers magique de la mode. Mon père qui était peintre décorateur, m'a appris le dessin. Très vite, j'ai été comme piqué par le virus du dessin. Chemin faisant, je dessinais en créant des robes du soir et de mariée. C'est vous dire cette passion pour la mode et la créativité à un âge assez précoce. Nombreuses étaient les références pour mon inspiration telles que les références familiales d'une part avec les toilettes de ma mère, mais aussi de grands créateurs de mode parisiens tel que Yves Saint Laurent. - Mais le levier déclencheur a été incontestablement votre séjour en 2011 à Marrakech ? En 2001, j'ai effectivement fait un voyage à Marrakech où j'ai été subjugué par la beauté de la ville. J'ai découvert une ville pleine de richesses, de couleurs et de parfums. J'ai très vite été emporté par la magie qui en émanait. C'est à ce moment précis que j'ai eu un déclic, un flash, une impression d'y avoir toujours vécu. C'est ce qui a développé en moi ce besoin intrinsèque de créer avec autant d'inspiration . Cette ville magique a pu me mener vers les traces de mon guide spirituel, le grand couturier français Yves Saint Laurent. A partir de là, j'ai crée une collection orientale avec des ornements dans un esprit de couture parisien et une élégance parisienne. C'est ainsi grâce à mes origines que j'ai pu mêler ce brassage de culture entre l'Orient et l'Occident. Mes séjours à Marrakech m'ont servis et me servent toujours. Cette ville est pour moi une source constante d'inspiration, mais disons plutôt, sans prétention aucune, que ma passion est plutôt innée. - Vous vous définissez en tant que couturier, styliste ou créateur ? Styliste ou créateur, le métier est le même, sauf que le styliste dessine ses collections pour son compte et devient alors créateur. Mon ambition étant de développer mes collections pour créer ma maison de haute couture, faire partie de la chambre syndicale, et alors là je deviendrai «couturier»». Ceci étant, j'ai travaillé dans de grandes maisons de haute couture et de prêt-à-porter de luxe féminin. - Vous avez investi l'univers de la haute couture féminine avec brio, à quand l'univers masculin ? On ne s'improvise pas un métier ou un autre. La mode masculine relève du «tailleur homme» (pour le haut de gamme), c'est un univers complet sur lequel j'ai travaillé un an, mais comme je vous l'ai signalé, je n'ai pas choisi mon métier, c'est un don. - Vous vous apprêtez à dévoiler votre dernière collection de vêtements haute couture, ce soir, à l'hôtel Eden Palace d'Oran? Quelles en sont vos impressions pour cette deuxième participation en Algérie ? Ravi de présenter ma collection à Oran, après le défilé de Constantine. Pour l'instant, mes impressions sont très positives. Tout un travail en amont est effectué et mis en place pour fournir un réel show à Oran. - Vous vous plaisez à affirmer que vous êtes Parisien par goût, mais quelle est au juste la particularité de votre couture ? La particularité de ma «couture» et de mes collections émane d'un brassage de deux cultures. En effet, je suis né à Paris et mes parents sont originaires de Constantine. Je me sers de cet avantage pour créer mes collections en reprenant certains codes de la couture constantinoise adaptés à une coupe et une élégance purement parisienne dans un style minimaliste. - Après votre escale à Oran, avez-vous d'autres projets en cours ? Oui, celui de proposer la création d'une maison de couture à Alger, et de continuer mes activités à Paris, à savoir créer et d ‘y produire mes collections.