Le Festival de la chanson oranaise, qui en est à sa quatrième édition, se déroulera du 16 au 22 juillet au Théâtre de Verdure. Cette manifestation, qui semble s'améliorer au fil du temps, se déroulera cette année à la mémoire de deux symboles que sont Wafia, chanteuse, comédienne et militante du mouvement national, ainsi que Ali Kahlaoui. Nous avons fourni des efforts importants pour faire se produire le plus d'artistes possible (une soixantaine contre 48 durant l'édition précédente) avec un même budget que celui de l'an dernier (5 millions de dinars)», a indiqué Mme Rabéa Moussaoui, commissaire du festival et directrice de la culture de la wilaya d'Oran, qui est intervenue lors d'une conférence de presse organisée mercredi dernier, et à laquelle ont assisté les autres membres du comité d'organisation. N'ayant pas de lien avec la chanson oranaise, le Ballet de l'Inde, qui devait effectuer une tournée en Algérie, pourrait toutefois être l'invité d'honneur de la soirée d'ouverture prévue samedi. «Nous les avons invités officiellement et nous attendons la confirmation pour le 16 juillet sinon pour le 17, sauf empêchement de dernière minute», a ajouté la même responsable, qui cite également parmi les invités d'honneur le nom de Ourih, un ancien boxeur oranais vivant, précise-t-on, à New York (Etas-Unis). Ce festival a été créé, puis institutionnalisé pour sortir de l'oubli et sauver la chanson oranaise considérée comme un patrimoine, pas seulement pour la ville d'Oran, mais aussi pour toute l'Algérie. D'où le souhait exprimé pour le rendre national et, à terme, pourquoi pas international. Les initiateurs et les organisateurs sont conscients que dans ce cas précis, il ne suffit pas de ressasser certains «vieux tubes» qui ont fait les beaux jours du style «wahrani», mais de promouvoir ce dernier en poussant à la créativité, soit dans la recherche de nouveaux textes et de nouvelles mélodies, soit dans l'interprétation. A ce sujet, la commissaire du festival a indiqué qu'une demande d'aide a été formulée au wali pour étudier les possibilités de doter Oran d'un orchestre événementiel qui pourrait éventuellement accompagner les talents de la chanson oranaise, mais aussi d'un studio d'enregistrement. Pour ce dernier cas, le constat est que selon M. Belhachemi, directeur régional de l'ONDA et membre du comité d'organisation, des 75 éditeurs qui activaient à Oran dans les années 70 il n'en reste que 3 ; beaucoup ont mis la clé sous le paillasson du fait du piratage. Une situation décourageante qui se répercute sur la créativité. «Dans le passé, indique-t-il à titre d'exemple, 150 œuvres en moyenne sont déposées chaque mois à Oran contre seulement 22 aujourd'hui.» Le responsable de la programmation, Ghaouti Azri, a souligné l'intérêt que commence à susciter ce festival chez la jeune génération en portant à onze le nombre de concurrents amateurs, alors qu'ils n'étaient que cinq l'an dernier. Leurs prestations seront évaluées par un jury présidé par Bouziane Benachour et composé, entre autres, d'artistes, tels la chanteuse et professeure de musique, Souad Bouali, ou le fils de Cheikh Bensmir. «Nous avons demandé à tous, professionnels, semi-professionnels ou amateurs de faire un effort pour essayer de venir avec du neuf», explique M. Azri, par ailleurs directeur du TRO. Le festival étant doté d'une espèce de «ligne éditoriale», il reste, néanmoins, ouvert à certains chanteurs de raï, mais sous certaines conditions. Tout d'abord, il y a des «raïmen» excellant dans les deux registres. «S'ils (les chanteurs de raï) ont la capacité de chanter dans le style wahrani, pourquoi les exclure ?», s'est-il interrogé. Et Mme Moussaoui d'ajouter : «Un chanteur de raï peut se produire dans ce festival, mais à condition de se présenter avec un beau texte qu'on peut écouter en famille.» A propos de familles, on apprend que des dispositions sont prévues pour assurer le transport à une heure tardive, du moment que les soirées commenceront à 22h et se termineront généralement après le passage de certaines vedettes, comme, respectivement, Zahouania, Baroudi Bekhedda, Mazouzi, Cheb Anouar, Cheb Réda et Cheb Abbès. Les aspects strictement humains ne sont pas négligés dans cette manifestation car, parmi les hommages prévus pour cette édition, celui réservé, annonce-t-on, à Ahmed Fethi, résidant à El Amria, sera particulièrement émouvant. L'artiste ne pouvant pas se déplacer pour cause de maladie, le comité devait lui rendre visite chez lui, jeudi 14 juillet. «Nous n'avons rien à leur offrir car nous n'avons pas grand-chose, mais, indique la responsable du festival, une visite, un peu d'égard pour lui, un peu de chaleur humaine vont certainement lui apporter un peu de réconfort.»