Après un trouble de plusieurs mois qui a bouleversé les programmes de Nessma TV, en raison des révolutions qui ont secoué la Tunisie et la Libye, la chaîne généraliste maghrébine présente sa nouvelle grille de programme spécial Ramadhan. La jeune chaîne hybride du paysage audiovisuel maghrébin s'est rapidement faufilée dans les foyers, particulièrement algériens. Les sondages ont révélé un taux de pénétration de huit millions de téléspectateurs par jour, en Algérie, sur un total de quinze millions, a précisé Nabil Karoui, président de la chaîne, lors d'une conférence de presse, hier au Sofitel. La grande attention portée au public algérien est renforcée. Ainsi la sitcom Caméra Chorba, qui a été diffusée l'année dernière par la télévision algérienne, migre vers Nessma TV, pour son second opus. Hassan Ben Othman, animateur de l'entretien télévisé «Dhayf El Ousboue», cédera la place, dès la fin du mois sacré, à Chawki Smati qui mènera des interviews avec les acteurs de la vie politique, économique et culturelle de l'Algérie. Nssibti Laaziza, série à succès de la chaîne, sera par contre réduite à quatre épisodes, en raison de la révolution tunisienne. «Couzinetna Hakka», émission culinaire, dans cette édition recevra désormais trois chefs plutôt que des ménagères. Par ailleurs, deux séries syriennes sont au programme, Al Hassen, Al Hosssin et Mouawiya, et Talaa El Fodha, dans laquelle on retrouve plusieurs acteurs de la série Dar El Hara qui avait remporté un franc succès l'année dernière. Une émission destinée à comprendre le Coran sera présentée par Youcef Seddik, philosophe et homme de religion. Recettes publicitaires en hausse La nouveauté de la chaîne, c'est un magazine hebdomadaire consacré à internet, grande nouveauté dans le paysage audiovisuel magrébin. «Caméra Fachée» est le titre de la caméra cachée de la saison. Tournée en Tunisie, le directeur de la chaîne a toutefois évoqué une tentative de tourner quelques numéros en Algérie, sans succès. «Nous avons des difficultés à tourner ici, pour des raisons d'autorisation de tournage, sans cesse reportée», a expliqué Karaoui. «Un problème fréquent rencontré par toutes les chaînes de télévision étrangères», a-t-il précisé. «On ne change pas une équipe qui gagne», déclare le président de la chaîne qui a enregistré une hausse de 30% des recettes publicitaires cette année. Aussi, les émissions-phares telles que «Ness Nessma» et «Mamnooue Aarjel», talk show et «Djek El Mersoul», adaptation de l'émission «Y a que la vérité qui compte» diffusée sur TF1 de 2002 à 2008, sont maintenues avec toutefois un nouvel habillage et de nouveaux chroniqueurs pour «Ness Nessma». Grande absente de la grille, la Mauritanie est très peu représentée dans l'ensemble des programmes. Le président de la chaîne a expliqué ce constat par la difficulté que représente le travail en collaboration avec «quatre pays avec des visions et des lois différentes», sans compter les décalages horaires et les us et coutumes propres à chaque pays. «Nous sommes une société commerciale, nous devons être productifs» a-t-il jugé. Par ailleurs, le président a évoqué son ambition de créer un bouquet de chaînes destinées au Maghreb et annoncé la diffusion de Nessma TV sur le territoire français à partir du mois prochain. Toutefois, cette année, la chaîne doit composer avec l'arrivée, ou plutôt le renouveau de Beur TV. Karoui a salué l'arrivée sur le marché de la chaîne maghrébine et euro-méditerranéenne installée en France. Parée de sa nouvelle identité visuelle, dénomination et grille des programmes, la chaîne est tournée vers la diaspora algérienne et maghrébine installée particulièrement en France et dans le monde. Beur TV a déjà abattu une première carte majeure avec Abdelkader Secteur, grand chouchou des Algériens qui y animera une émission de parodies.