Tout enfant, elle aimait chanter, la fille de Tlemcen, une ville de la musique andalouse et de chaâbi, ces rimes en parlers populaires que la plupart des Algériens comprenent. Vivant à Alger en 1974, Dalila Mekadder, alors âgée de 9 ans, est inscrite au Conservatoire de la capitale, où elle étudia le solfège tout en s'initiant à la musique andalouse dont elle deviendra plus tard une interprète incontestable. Elle eut successivement comme maîtres en ces chants et musiques chaâbis, les cheikhs Anis M'hamsadji, Mustapha Boutriche, Mamade Benchaouche, Mustapha Skandrani, Abderrezak Fekhardji, Rezki Harbit, etc. Dalila Mekadder éditera plus tard, chez Belda, le premier CD de son répertoire, renfermant de très beaux chants, enregistrés dans les studios de la Radio nationale algérienne. Nourrissant une passion pour la musique andalouse particulièrement et pour tout le patrimoine musical algérien en général, Dalila Mekadder deviendra un des célèbres noms chez les musiciens et amateurs de la pratique (san'a) à l'échelle universelle. Dans son premier album, elle choisira d'interpréter des pièces rares, très peu connues, comme Al mahna wal gharam (La souffrance et l'amour). Quasiment perdues, ces pièces, composées par un des grands poètes du XVIIIe siècle, cheikh Benyoucef en l'occurrence, furent redécouvertes par la jeune musicienne grâce à un des hommes de ce milieu, M. Baghdadi (musicologue spécialisé dans le patrimoine), qui l'offrit à Naguib Kateb, le maestro soliste et chef d'orchestre de la Cordoba d'Alger. De là, Dalila Mekadder consacre ainsi son énergie à faire connaître ce patrimoine musical algérien, trop souvent délaissé et peu connu hors de l'Algérie. Les succès de Dalila débuteront dès l'âge de 15 ans, soit en 1980, lorsqu'elle interpréta de sa voix suave la Nouba Ghrib, accompagnée de Mustapha Skandrani, dans un concert à l'auditorium de la Radio nationale. Une année plus tard, Dalila intègre l'association El Fekhardjia, dirigée alors par Abderrezak Fekhardji et Rezki Harbit. A partir de là, la réputation de Dalila Mekadder déborde hors des frontières nationales. En 1982, elle assurera des représentations, notamment en ex-URSS (Russie), puis en Espagne, avant d'obtenir, au fil des années, le premier prix du Conservatoire d'Alger, qui l'incita à intégrer, en 1986, l'association Essendoussia de la capitale. VEDETTE AMERICAINE Ensuite, Dalila emménagera aux Etats-Unis d'Amérique, mais sans rompre les ponts avec sa famille musicale dont le genre ne la quitte plus, malgré l'éloignement. Sa nostalgie étant trop forte, elle ne manque plus ainsi à vaincre tout «obstacle» ou «contrainte» pour revenir chaque année dans son pays natal, pour s'y offrir ensuite de profondes virées à travers l'Algérie, particulièrement en Kabylie où elle compte beaucoup d'ami(es) et même des parents par alliance. Dalila Mekadder n'oubliera pas de sitôt les accueils triomphaux qu'elle reçut lors de ses concerts de musique andalouse aux festivals internationaux de la Nouvelle-Orléans, de Louisiana State University et de La Fayette (en Louisianne, aux USA). Elle y rencontra même l'écrivaine algérienne, Assia Djebbar, la grande dame de Cherchell, de son vrai nom Fatima-Zohra Imalayene, qui lui donnera à jouer un rôle musical dans sa pièce théâtrale de renom Femmes d'Alger dans leurs appartements. En 1991, à Paris, notre musicienne eut le grand privilège de croiser et de partager le micro avec Sultana Daoud, dite Reinette l'Oranaise (décédée en novembre 1998, ndlr). Plus tard, Dalila rejoint La Cordoba d'Alger, une association de musique andalouse, fondée et animée par Kateb Naguib. En 2005, après une série de concerts animés en Tunisie, Dalila prendra une importante part sur scène à l'auditorium de la RTA, à l'occasion de la célébration du 5e anniversaire de la Cordoba d'Alger dont elle fait partie. En 2008, elle eut encore le «privilège» de prendre part, aux côtés de Naguib Kateb, à un concert organisé au centre culturel de l'université des Emirats arabes unis. Durant cette année, elle éditera un album à succès sur un style musical de l'école algéroise (Nouba Aroubi), pour rendre un hommage à sa ville natale. Notre artiste participera en mai 2009 au festival des Andaloussiate, organisé par la société Arts et Culture, durant lequel elle eut l'honneur d'animer la soirée de clôture, intervenue le 29 du même mois. C'est à l'été de cette année 2009 qu'elle eut le temps d'enregistrer son album de style hawzi, en hommage à ses racines tlemcéniennes, et dans lequel, de sa suave voix de velours, dirait-on, Dalila envoûte et transporte son auditeur, dans une douceur théologico-métaphysique des plus apaisantes, avec le titre Sidi Boumediene, jitek qassed, une sorte de prière imageant en rêve la vue de l'attachant visage, l'image de ce sage de la capitale des Zianides, un titre qu'elle dédie en hommage à la mémoire du vénérable Cheikh. Dans un autre thème, consacré à l'amour, Ya lessiadi zarni h'bibi l-bareh f-lemnam (ô gens ! j'ai reçu hier dans le rêve, la visite de mon amour, de mon printemps…), notre musicienne consacre aussi ce chant hawzi à cette région, une des matrices de la musique andalouse. En juin 2010, la participation de Dalila Mekadder a été également remarquable au festival de musique andalouse à Oujda, au Maroc, comme lors de la soirée folklorique à l'auditorium de l'université des EAU (Abou Dhabi) où elle a fièrement représenté l'Algérie par de multiples passages médiatiques.