Habituée depuis sept ans au rendez-vous lyrique du très attendu Festival de la musique andalouse au Maroc, l'Algérie sera comme à chaque fois de la partie. Le pays sera représenté par l'orchestre de Tlemcen que dirige Brahim Hadj Kacem, un artiste algérien établi en France. " Notre but est de faire connaitre la musique andalouse algérienne et ses différentes écoles à savoir Alger, Constantine, Tlemcen et ce dans tout le Maroc " a-t-il noté ajoutant que "nous avons répertorié 64 troupes de musique andalouse en Algérie et chaque fois nous invitons quelques-unes pour des tournées à travers le royaume afin de faire découvrir aux mélomanes marocains la musique classique algérienne, son art, son genre et son interprétation ". Ce n'est pas le premier orchestre qui fera ce déplacement, avant lui, il y avait l'association "Essendoussia" (deux fois), l'orchestre "Dar El-Gharnatia" de Koléa (deux fois), Nouri Koufi et son orchestre, Salim Fergani lors de l'hommage rendu à son père le maître du Malouf El-Hadj Mohamed Tahar Fergani. Baptisé "Festival Andalussyat", dans cette septième édition du Festival de la musique andalouse qui se tiendra du 30 novembre au 4 décembre, un menu très riche est prévu. Des concerts animés par des musiciens appartenant aux pays du pourtour méditerranéen., égayeront ce rendez-vous qui aura lieu dans pas moins de trois villes marocaines dont l'antique Rabat. Organisé par l'Association des amateurs de la musique andalouse dont est membre l'Algérien Sid-Ali Ouameur, ce festival qui se déroulera à Casablanca, Rabat et Mohammadia sera placé sous le signe de la diversité, et se veut un vecteur de dialogue et de rapprochement entre les peuples. Durant cinq jours, les amoureux de cette musique pourront apprécier une programmation riche et variée et découvriront les artistes venant du Maroc, d'Algérie, de Tunisie et d'Espagne. De même qu'ils apprécieront le flamenco qui sera très présent lors de cette édition. Origine d'El Andalous El Andalous par opposition au chaâbi populaire est une musique élitiste. Cette musique savante qui avait un rythme, d'ailleurs lent et très étriqué est issue de la culture arabo-andalouse ottomanisée appelée Malouf à l'Est du pays. C'est Cheikh Nador, qui a su capter et faire fructifier l'héritage du Melhoun, qui devient précurseur du Chaâbi algérois, que lance El Hadj M'Hamed El Anka, maître et créateur de ce chaâbi algérien. Ce style de musique était d'abord appelé "medh " puis en 1947 il est définitivement baptisé " chaâbi " par le musicologue Safir El-Boudali. Les violonistes de la musique arabo-andalouse et du chaâbi utilisent toujours leur violon à la verticale. La musique andalouse est une oeuvre savante, le résultat d'une considérable concertation à l'échelle du monde musulman, et qui eut comme berceau l'Andalousie. Elle est appelée indifféremment : El-Ala, Gharnati, Sanaâ, Malouf, Andaloussi, Musique classique maghrébine, ... L'appellation qui revient le plus souvent est musique arabo-andalouse. Nul n'est capable aujourd'hui de dire avec précision qu'elle est l'origine exacte de cette musique, mais les spécialistes s'accordent sur le fait qu'il s'agit probablement d'un mélange mélodieux des chants de chameliers avec de la musique perse et grecque. Cette musique a pris sa forme quasi définitive au IX ème siècle avec l'expatriation d'un chanteur et musicien de génie appelé Ziryab de la cour de Haroun El-Rachid. En fait, il a été jalousé par son maître Ishaq El-Maoussili (767-850) responsable du conservatoire de la cour de Bagdad. Ce dernier avait comme maître son père Ibrahim et Zelzel un virtuose du Oud. Ishaq a laissé plus de 200 compositions et une quarantaine de livres à sa disparition. Ziryab (Arabie 777 - Cordoue 852) de son vrai nom Ali Ibn Nafa était un artiste d'exception qui jouait comme son maître au Oud (Zelzel). Son talent était incommensurable, il connaissait par coeur plus de 10000 pièces chantées avec les airs appropriés, il a introduit la 5ème corde du Oud entre la deuxième et la troisième. Le Oud qu'il fabriqua est un tiers moins lourd que le classique, il a remplacé le plectre par une plume d'aigle et bien d'autres choses sont à son actif. La musique a évidemment évolué grâce aux échanges importants entre les centres culturels du Maghreb et d'Andalousie. Ces centres étaient concentrés autour de Tripoli, Kairouan, Béjaïa, Tlemcen et Fès (Capitale culturelle maghrébine par excellence). Le retour des musulmans vers le Maghreb a permis l 'installation de trois écoles principales : Grenade (l 'ouest du Maghreb), Cordoue (le centre du Maghreb) et Séville (l'est du Maghreb). La musique andalouse est articulée autour d 'un programme qui s'appelle Nouba. A l' époque des Andalous il y en avait 24, une pour chaque heure de la journée. La transmission orale de cette musique a fait qu' aujourd'hui beaucoup d'entre elles ont disparu et le nombre de noubate restantes varie en fonction des écoles. La structure rythmique de la nouba, exécutée dans son intégralité correspondrait à un cérémonial de cour (entrée du roi, défilé des dignitaires, ...). La nouba est en fait une succession de mouvements précédés généralement par un prélude musical appelé (Elkoursi ou elkrissi). Certains mouvements sont entièrement musicaux telle la Touchia.