L'écrivain Abdelaziz Farrah a tiré sa révérence, mercredi dernier, suite à une longue maladie, alors qu'il venait tout juste d'achever trois ouvrages dans le cadre de la manifestation «Tlemcen capitale de la culture islamique». Connu dans le monde de l'édition pour ses intéressants ouvrages consacrés à certaines figures historiques dont La Kahina‚ L'Emir Abdelkader‚ Saint-Augustin‚ Massinissa, Zaphira et Où es-tu passé Tarek ?, le défunt a consacré une grande partie de sa vie à l'écriture. Il laisse d'ailleurs derrière lui des ouvrages de référence. Dans un entretien qu'il nous a accordé en 2007, le défunt avait expliqué que c'est à travers «mes diverses lectures qu'apparaissent des personnages qui me frappent par leur grandeur et leur originalité. A partir de là, me vient l'idée d'écrire sur eux. Je me lance alors dans le travail de recherche et de documentation. Quand j'estime que je dispose d'assez d'éléments, je commence la conception et l'écriture qui me prennent, en général, une année.» Abdelaziz Farrah était convaincu qu'en librairie l'engouement pour l'histoire et les personnages anciens était très fort chez les lecteurs. «Je pense que c'est la redécouverte de notre identité qui est vingt, trente, cinquante fois millénaire. N'oublions pas qu'à Tighennif, on a trouvé un squelette de 750 000 ans avant notre ère. Il y a 40 000 ans, l'homme de Bir El Ater, l'Atérien, a occupé un territoire allant de l'Afrique du Nord au Tchad. Notre patrimoine est tellement vaste. Pendant de très nombreuses années, nous étions bloqués dans un système fermé. Maintenant, on peut rechercher, s'exprimer, publier. Plus il y aura de publications, mieux ce sera», avait-il expliqué. Abdelaziz Farrah est né en 1939 à Sidi Erghiss, dans la wilaya d'Oum El Bouaghi. En 1978, il est détenteur d'un doctorat en agronomie de l'université de Montpellier. En 1980, il retourne en France pour un MBA en marketing. Retraité, il se consacre depuis 1993 à l'écriture centrée sur les personnages historiques. Il a édité également deux beaux livres dont l'un sur les civilisations sahariennes. Il apparaît comme un auteur qui utilise les matériaux historiques comme support à une contribution identitaire. Son livre sur l'Emir Abdelkader, intitulé Le temps d'une halte, a été réédité pour la troisième fois par les éditions algériennes APIC. Il a dirigé des projets de développement‚ entre autres‚ en Guinée Bissau et en Algérie. Il est à noter, par ailleurs, que les trois ouvrages sur lesquels le défunt venait d'apposer sa signature, Tlemcen, cité sanctuaire, Les rois Zianides et Juba II et Cléôpatre Séléné paraîtront dans quelques mois, c'est du moins ce qu'a souligné le ministère de la Culture. L'homme de talent qu'incarnait Abdelaziz laisse derrière lui un legs inestimable, qui sera d'un apport appréciable, aussi bien pour les historiens que pour les générations actuelles et futures.