Chaque été, le thème de la confiscation des plages de la région est sur toutes les langues à Staoueli. «Quand j'étais petit, j'étais vendeur ambulant sur ces mêmes plages de Moretti et de Club des Pins. On s'y baignait en toute liberté. Aujourd'hui, interdiction formelle pour nous les zawaliya d'y mettre les pieds. Nous avons dû faire un trou dans un mur pour aller nous baigner, et on va là-bas besserqa. C'est injuste !», témoigne Ahmed, épicier au hameau El Qaria, près de Moretti. Il faut dire qu'entre la résidence d'Etat de Club des Pins ainsi que son annexe de Moretti, et la nouvelle résidence d'Etat Sahel (les Dunes) auxquelles s'ajoute la plage militaire de Sidi Fredj, la population locale a vu son littoral privatisé morceau par morceau. «Bientôt, il n'y en aura que pour eux, les gens du ‘'club des Pontes'', et il faudra un passeport pour entrer dans ce périmètre comme ils l'ont fait pour Hassi Messaoud», commente un militant des droits de l'homme. «Alors que le discours officiel annonce la fin du terrorisme, qu'est-ce qui justifie cette bunkérisation des apparatchiks aux frais du contribuable ?», poursuit-il. «A l'heure des révoltes arabes, c'est pour le moins incongru pour l'Etat de continuer à afficher un tel train de vie au mépris de la population.» «Un de ces jours, ils vont hisser leur propre drapeau dans ce secteur et ça va devenir leur chasse gardée pour de bon !», renchérit un jeune.