Il est plus de 10h et les différents marchés de la ville d'Oran, à l'instar de ceux de Seddikia (ex-Gambetta), El Hamri et celui de la place des Aurès (ex-la Bastille), n'ont pas connu une forte affluence en ce premier jour de Ramadhan. En effet, contrairement aux prévisions, il n'y avait pas la grande foule des jours précédents. A titre illustratif, le marché des Aurès, où il fallait jouer des coudes pour se frayer un chemin, n'a pas connu cette marée humaine des grands jours. Cette situation imprévue trouve son explication, comme n'a pas manqué de le signaler cette vieille dame, dans le fait que la plupart des ménages ont déjà fait leurs emplettes plusieurs jours avant le début de ce mois sacré. «Je me suis approvisionnée en légumes et en produits de base avant le Ramadhan pour éviter ces longues chaînes et aussi pour ne pas me fatiguer en faisant le tour des marchés», a-t-elle indiqué. Cette relative désertion de ces marchés est en corrélation avec la circulation automobile habituellement très dense et qui en ce jour était curieusement très fluide. Il est vrai aussi que les estivants, très nombreux en juillet, ont regagné leurs wilayas d'origine et par conséquent déserté les places publiques. Si les marchés n'ont pas reçu le nombre escompté, les commerçants, qui s'étaient préparés pour leur part à un véritable rush des acheteurs, étaient pris au dépourvu. Dans un premier temps des prix défiaient tout entendement, à l'image de la tomate qu'ils prenaient soin d'afficher à 80 DA, la pomme de terre à 50 DA, la courgette, la betterave et le concombre à 70 DA. Certains ont dû revoir la mercuriale à la baisse. Des produits toujours plus chers La tomate a été ainsi proposée à 50 DA, la pomme de terre à 40DA, les betteraves et autres à 50 DA. Une baisse qui a surpris plus d'un, à l'image de ce père de famille qui avait juré de ne pas s'approvisionner en grande quantité au cas où les prix demeureraient en l'état, mais il s'est ravisé devant pareille situation. Le mois de Ramadhan est connu pour la diversité ainsi que la variété des mets qui garnissent la table. La viande rouge ou blanche ravit ainsi la vedette. Son prix n'échappe pourtant pas à cette spirale de la hausse des prix. Ainsi, en ce jour de piété, la viande locale, pourtant hors de prix, est affichée à 1200DA, faisant la part belle à une certaine frange de la société. Les petites bourses, de leur côté, penchent pour la viande congelée cédée à 520 DA ou le poulet à 340 DA. Le tout avec parcimonie, situation financière oblige. Les prix des fruits de saison (pêches, raisins, pommes, etc.), qui constituent la cerise sur le gâteau, sont proposés à des prix qui incitent à un approvisionnement raisonnable. Le mois de Ramadhan, qui vient de faire son entrée, va-t-il contribuer, comme à l'accoutumée, à une véritable saignée des ménages ou, à l'inverse, permettra-t-il aux citoyens de passer ce mois de piété dans le recueillement et la prière, loin des tracasseries habituelles ?