Le secteur des textiles a subi de plein fouet un laisser-aller du gouvernement. Le secrétaire général de la Fédération des travailleurs des textiles et cuir, qui dépend de l'UGTA, a mis, hier, en garde contre le risque de voir à l'avenir des entreprises du secteur en chômage technique. A l'origine d'une telle situation, le manque d'approvisionnement en matière première dont souffrent aujourd'hui la plupart de ces entreprises. Amar Takjout, qui est intervenu, hier, lors de l'émission « L'invité de la rédaction », diffusée par la Chaîne III de la Radio nationale, prédit même le risque pour les travailleurs de certaines entreprises du secteur des textiles de porter la protestation dans la rue si les pouvoirs publics n'interviennent pas pour les sauver. Il s'agit, selon lui, de procéder à la mise à niveau des entreprises restantes en tenant compte de l'ensemble des éléments les fragilisant (endettement et découvert bancaire). L'invité de la Chaîne III, qui estime le découvert bancaire des entreprises du textile à des milliards de dinars, précise que ces entreprises ne bénéficient plus de crédits pour l'achat de la matière première. Amar Takjout regrette que ce secteur ne soit plus une priorité du gouvernement. Conséquence, le secteur du textile, qui fabriquait avant les années 1990 100 millions de mètres linéaires de tissu, ne fabrique aujourd'hui que 25 millions dont 50% sont destinés aux corps constitués. Pis encore, du secteur qui employait auparavant plus de 150 000 travailleurs, il ne reste aujourd'hui en son sein que 44 000 travailleurs (26 000 dans le public et 18 000 dans le privé). Le secteur des textiles est également touché par la fermeture d'une vingtaine d'entreprises. Près de 35 000 postes d'emploi ont été perdus dans le secteur public, pour la plupart se trouvant dans les zones déshéritées, selon M. Takjout, qui s'interroge s'il y a vraiment substitution économique ou ouverture d'espaces économiques dans ces régions. Pour ce qui est de la privatisation des entreprises du secteur, Amar Takjout regrette que les repreneurs ne se bousculent pas. « Il n'y a pas de repreneurs potentiels qui veulent reprendre les activités du textile », selon lui. Le secrétaire général de la fédération regrette également le fait que les pouvoirs publics n'aient pas procédé à la préparation des entreprises du textile avant l'ouverture du marché. « On a préféré liquider les entreprises », a estimé M. Takjout, qui se demande si ce n'est pas un acte « idéologique » dont il s'agissait qu'économique. Car, a-t-il expliqué, la question de désengagement de l'Etat ne devait pas être un abandon de l'industrie. M. Takjout se demande même pourquoi l'Etat consacre beaucoup d'argent à la solidarité alors que, selon lui, cet argent pourrait servir à maintenir les entreprises et les emplois. La Fédération des textiles et cuir revendique un traitement des découverts bancaires, un allégement des charges des entreprises restantes, la formation et l'investissement pour essayer de mettre les entreprises au niveau qualitatif. Elle recommande également une organisation de la PMI/PME.