Peut-on parler d'écologie urbaine dans un pays en développement comme l'Algérie ? Avant d'entrer dans le vif du sujet, il faudrait définir ce que c'est l'écologie urbaine et ce que c'est un système urbain. Plusieurs conceptions définissent l'écologie urbaine que l'on soit en pays développés ou en pays en développement. Pour certains, ce sont les flux d'énergie et de matière à l'échelle de la ville. Pour d'autres, ce sont la flore et la faune de la ville, l'aménagement des espaces verts urbains, l'agriculture urbaine et la santé de l'environnement. Dans les pays développés, on se préoccupe plus de l'énergie dans les systèmes urbains, du traitement des déchets toxiques et des pollutions de l'air. Dans les pays en voie de développement, on s'occupe plutôt du développement et de la maîtrise de l'urbanisation. La définition du système urbain réside dans sa totalité, ses possibilités de transformation et d'autorégulage. La totalité du système urbain est constituée de trois sous-systèmes : les Entreprises, les logements et les populations (dictionnaire de l'urbanisme, Merlin et Choay, PUF, 1988). Donc, le système urbain est l'ensemble des relations qui relient ces trois sous-systèmes. L'écologie urbaine est par conséquent la science qui détermine le fonctionnement d'un système urbain dans le but de l'orienter, de l'améliorer et de le corriger. Dans les années 1970, le projet des approches écologiques aux établissements humains a été inséré dans le Bulletin du programme sur l'homme et la biosphère de l'Unesco (MAB). Des rapports très étroits existent entre la notion d'environnement, d'écologie urbaine et de croissance urbaine. Toutes les villes algériennes, grandes, moyennes et petites, sont devenues des habitats biologiques non naturels, d'où la nécessité de l'étude du système urbain de l'ensemble du pays, même si cela paraît futuriste. Prévenir des problèmes qui se sont passés ailleurs permet de gagner du temps et d'éviter parfois des catastrophes. Certes, les impératifs du développement priment sur l'étude écologique urbaine. Mais le taux d'urbanisation est tellement fort que cela se traduit par des destructions des différents compartiments de l'environnement. De tels bouleversements ne se font pas sans conséquence, notamment sur l'homme d'où le besoin de la réflexion écologique relative au système urbain algérien d'aujourd'hui et de demain. Entre autres conséquences sur l'environnement naturel et humain : Détérioration de l'habitat et de la vie urbaine. La population algérienne vivant dans les villes est en croissance rapide dépassant largement les 50% du total. L'implantation naturelle dans la vie rurale représentait pour l'Algérien un habitat bien adapté. Avec cette urbanisation, des problèmes sociaux, économiques et psychologiques ont vu le jour. L'alimentation en eau et en énergie ne satisfait plus les besoins. Les épidémies et les différentes maladies sévissent du fait du manque de moyens face à la grande demande. En général, la planification urbaine ne suit pas l'urbanisation très forte, d'où le sous-développement urbain et la pollution architecturale. Déclin des campagnes. L'exode rural et l'accroissement naturel nourrissent le système urbain en population. Les campagnes non seulement perdent la force de travail, mais en plus elles sont plus sollicitées par les villes en ce qui concerne l'approvisionnement en produits agricoles. La demande en logements et en services est toujours en hausse dans ces dernières. La perte en terre agricole. Souvent, ce sont les terres fertiles planes qu'on choisit pour la construction. La production de déchets. Le système urbain algérien est un gros producteur de déchets solides, liquides et dans une moindre mesure toxiques. Les villes algériennes du système urbain connaissent l'accumulation sauvage et l'envahissement des déchets qui n'épargnent ni les rues, ni les places publiques, ni les voies de circulation, ni les abords. Les conséquences sur l'environnement sont incalculables. L'approvisionnement en denrées alimentaires. Le système urbain algérien est un gros consommateur de denrées alimentaires. Les réseaux d'alimentation sont très sollicités au niveau régional et national avec tous les systèmes de transport que cela représente. C'est en tenant compte de tous ces problèmes que l'approvisionnement prend toute sa signification. L'approche écologique du système urbain algérien devait avoir comme fil conducteur la croissance urbaine ou urbanisation. L'objectif est de déboucher non seulement sur une qualité des habitats humains, mais aussi sur la protection de l'environnement. En d'autres termes, il faut chercher une double solution à une double question : sauver la nature de l'homme et sauver l'homme de l'homme. La théorie homme-environnement est essentielle pour étudier les contraintes de l'environnement et les contraintes sociales qui accompagnent cette croissance urbaine ou urbanisation. La dégradation de l'environnement doit être considérée à la fois comme un phénomène scientifique, social et politique. L'étude écologique du système urbain algérien doit se préoccuper de la dimension humaine. L'Etat algérien doit abolir l'urbanisme et l'architecture clandestins, qui sont de mise aujourd'hui dans le pays, et réintroduire la nature dans les villes. Le système urbain n'a de sens que par rapport à l'homme. Il faut pour cela de la volonté politique pour savoir gérer les conséquences de l'urbanisation et diminuer dans la mesure du possible ses causes (la freiner est une gageure). L'interaction homme-environnement doit constituer un nouveau mode de pensée pour le système urbain algérien. Dans le passé, les Chinois, les Japonais, les Indous et les Persans ont construit les plus belles et saines cités de l'histoire de l'humanité. Ils ont pour cela appliqué les traditions orientales de l'époque, notamment la géomancie (appelée Fung-Shui en Chine). Le principe de ces traditions était simple : l'unicité et l'interrelation des choses dans le cosmos. Une simple chute d'un corps est en rapport avec toutes les particules de l'univers de par une force que Platon avait appelé « éros » et Ibn Sina « echaouq ». L'écologie urbaine est un nouveau domaine incluant plusieurs disciplines universitaires comme l'aménagement, l'urbanisme, l'architecture, l'environnement, la sociologie, la philosophie, la politique et même les mathématiques. On en a besoin pour élaborer les modèles des systèmes. Les universitaires et les chercheurs algériens sont nombreux pour s'atteler à cette tâche. Il y va de notre avenir et de l'avenir de nos descendants. L'Etat doit mettre les moyens matériels nécessaires à la disposition de tous.