Encore une année qui se termine sans apporter de solutions tangibles à la cause palestinienne. L'année 2005 a surtout été marquée par le retrait unilatéral, en septembre, décidé par le Premier ministre israélien Ariel Sharon, des colons et de l'armée de la bande de Ghaza, occupée depuis la guerre de 1967. Ce retrait, effectué dans le cadre du plan de Sharon de désengagement d'avec les Palestiniens, l'a aussi poussé à quitter son parti le Likoud, dont il était l'un des principaux créateurs, à cause de l'opposition d'une grande partie de ses membres à cet acte unilatéral. A plus de 77 ans, Sharon, qui jouit d'une grande popularité en Israël, espère être à la tête du prochain gouvernement israélien qui découlera des élections législatives anticipées de mars prochain. Pour ce, il vient de créer un nouveau parti, Kadima (en avant en hébreu) qui, actuellement, caracole en tête des sondages. La politique annoncée de ce parti ne comporte rien de nouveau pour le côté palestinien. Pour Sharon et Kadima, le règlement du conflit israélo-palestinien est basé sur une confiscation d'une large partie du territoire palestinien de Cisjordanie : la construction du mur de séparation raciste qui permet à Israël de garder tous les blocs de colonies juives, est presque terminée, l'annexion définitive de la ville sainte d'Al Qods que Sharon considère comme faisant partie de Jérusalem, déclarée capitale éternelle de l'Etat hébreu et le non-retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers et leurs terres, dont ils ont été chassés en 1948. Ce programme politique ne laisse malheureusement aux Palestiniens que des miettes qui sont loin de satisfaire leurs légitimes aspirations nationales, avec la possibilité de créer un pseudo-Etat, divisé par le mur, en ghettos et sans continuité territoriale. Du côté palestinien, 2005 a été l'année qui a vu un changement important à la tête de l'Autorité palestinienne et de l'OLP. Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen, a été élu au suffrage universel en remplacement du défunt Yasser Arafat, qui a régné en maître absolu au sein de l'OLP, du Fatah et de l'Autorité palestinienne jusqu'à sa mort en novembre 2004. La passation de pouvoir, qui s'est faite dans le calme, a suscité beaucoup d'espoirs chez les citoyens palestiniens de voir s'opérer des changements profonds au sein de l'Autorité palestinienne. Malheureusement, ces espoirs se sont avérés infondés. Les territoires palestiniens se « somalisent » petit à petit. L'insécurité, l'anarchie, les conflits familiaux qui se transforment en batailles rangées où toutes sortes d'armes sont utilisées, les enlèvements répétés d'étrangers - dont la plupart sont des pacifistes qui ne sont dans les territoires que dans le but d'apporter de l'aide aux Palestiniens - , l'occupation par des hommes armés de locaux de l'Autorité palestinienne pour une quelconque revendication, l'attaque de postes de police, l'absence de fermeté des services sécuritaires, les mouvements palestiniens qui n'arrivent pas à concorder leurs actions, tellement les agendas des uns et des autres sont discordants, les différends qui opposent la vieille garde aux jeunes cadres du Fatah, mouvement du président Abbas, qui a failli, à l'occasion des prochaines législatives prévues le 25 janvier, provoquer une scission de ce grand mouvement de libération, la création par Israël d'une zone interdite au nord de la bande de Ghaza bombardée en permanence par l'armée israélienne dans le but de stopper les attaques par les roquettes artisanales contre son territoire dont les premières victimes sont tombées samedi - deux civils palestiniens ont été tués à la suite d'un bombardement par un drone armé (avion sans pilote) dans la zone tampon qu'Israël veut imposer par la force. Les Palestiniens des territoires vivent des moments très difficiles craignant tous d'arriver au point de non-retour, c'est-à-dire le chaos total d'où personne ne sortira indemne. La reprise en main de la situation sécuritaire, quels que soient les sacrifices, devient une urgence si on veut éviter l'éclatement de l'Autorité palestinienne et avec elle tous les espoirs de vivre un jour dans un Etat palestinien libre et souverain.