La question doit être abordée avec une extrême retenue, les Israéliens étant devenus maîtres dans les coups médiatiques. Et pour cause, ils ne pouvaient demeurer en retrait ou encore prendre une quelconque distance avec le nouveau président élu palestinien. Eux aussi donc s'inscrivent dans ce climat que beaucoup veulent empreint d'optimisme à défaut de raison. Effectivement Israéliens et Palestiniens ont décidé de renouer le dialogue et de préparaient même, hier, une prochaine rencontre entre le président élu de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre Ariel Sharon. Selon un proche de ce dernier, « la rencontre devrait se tenir dans un futur proche », et M. Sharon entendait appeler M. Abbas pour le féliciter de sa victoire, et peut-être convenir d'un rendez-vous. Là, s'arrête ce climat quelque peu détendu pour laisser place à des questions plus sérieuses, celles-là mêmes que soulèvent les Palestiniens, à principalement de savoir si réellement, Israël veut la paix. Cette parenthèse des félicitations fermée, Israël revient à ce qui lui est déjà connu. Autrement dit, les pressions sur la direction palestinienne. Ou plus précisément, les rapports qu'il entend établir avec les groupes armés palestiniens, lesquels rappelle-t-on s'étaient engagés à soutenir la politique de M. Mahmoud Abbas. Le nouveau président palestinien avait affirmé lundi être « engagé dans le processus de paix basé sur la Feuille de route », un plan de paix international prévoyant la fin de la violence, le gel de la colonisation juive et la création d'un Etat palestinien. Selon Israël la rencontre Abbas-Sharon pourrait permettre de coordonner l'application à partir du mois de juin du plan de retrait israélien de la bande de Ghaza et de quatre colonies en Cisjordanie. Mais c'est aller un peu vite en besogne, car les Palestiniens refusent que ce plan unilatéral devienne une fin en soi. Ce qui donne lieu alors à une guerre des mots du genre « Israël est prêt à renouveler sa coopération au niveau sécuritaire (avec les Palestiniens) et à coordonner des questions liées au plan de désengagement », en référence à son plan de désengagement. Un projet révélé par le quotidien Maariv prévoit qu'Israël propose aux Palestiniens d'assumer le contrôle sécuritaire de leurs villes en Cisjordanie et dans le nord de la bande de Ghaza. Les services de sécurité palestiniens se déploieraient ainsi à Ramallah d'ici à deux semaines, puis au cours des prochains mois, à Beitlehm, à Ariha, à El Khalil, à Tulkarem, à Kalkiliya, à Naplouse et à Jénine. L'armée israélienne a réoccupé ces villes en mars 2002. Toujours selon Maariv, l'Autorité palestinienne prendrait aussi en charge la sécurité dans les localités du nord de la bande de Ghaza, ce qui paraît hautement improbable, car l'armée israélienne se propose de démolir quelque 3000 maisons palestiniennes à Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, pour creuser une tranchée destinée, selon elle, à empêcher la contrebande d'armes par des tunnels passant sous la frontière avec l'Egypte, a indiqué le quotidien Maariv dans sa même édition. Selon Maariv, l'armée a prévu de réaliser son projet avant l'application à partir de juin du plan de retrait israélien unilatéral de la bande de Ghaza. Selon l'ONU, l'armée israélienne a détruit 1728 maisons palestiniennes à Rafah depuis le début de l'Intifadha en septembre 2000 jusqu'au 31 décembre 2004, faisant ainsi 17 400 personnes sans logis. C'est un discours totalement cohérent que développe donc Israël, au point de renforcer les pires appréhensions des Palestiniens. Comme celle qui consiste à vouloir un poste de police avancé qui réprimera les Palestiniens. C'est la voie ouverte aux affrontements interpalestiniens, voire d'une guerre civile dont se servira Israël pour maintenir son occupation des territoires palestiniens.