A son retour samedi au pays, après 3 semaines d'hospitalisation et 2 semaines de convalescence à Paris, le chef de l'Etat a adressé à son homologue français, Jacques Chirac, un message de « remerciements » dans lequel il lui a manifesté sa gratitude quant à « l'accueil chaleureux et affectueux » qui lui a été réservé durant tout son séjour en France. Le président Bouteflika considère « l'entière disponibilité des autorités françaises (...) en particulier dans de telles circonstances » comme autant de « gestes symboliques forts », tant à son égard qu'à l'endroit du peuple algérien. Fortement touché par ces « gestes symboliques », le chef de l'Etat s'engage à les inscrire à l'actif des relations actuelles et futures entre les deux pays. Il estime que cela va dans le sens du renforcement de « la volonté commune d'approfondir davantage les liens d'amitié et de coopération qui unissent (les) deux pays et (les) deux peuples ». Le chef de l'Etat n'a soufflé cependant mot sur la signature du traité d'amitié entre l'Algérie et la France. Ce traité, décidé lors de la visite de Jacques Chirac en Algérie en mars 2003, devait être paraphé en 2005 avant que cela ne soit reporté sine die. Dans son message, répercuté par l'agence officielle APS, le président Bouteflika parle certes d'« amitié » entre les deux pays, mais pas de traité. Il évoque « la relation privilégiée » qui existe entre les deux pays, estimant qu'elle est « construite sur des bases nouvelles, plus que jamais fondées sur la confiance et le respect mutuels ». Mais il ne précise pas par quelle voie il entend la consolider. Il se dit convaincu qu'elle « trouvera sa pleine expression dans l'œuvre de refondation et de restructuration des relations algéro-françaises porteuse d'une vision affirmée de rapports nouveaux répondant pleinement à l'attente des deux peuples ». Le chef de l'Etat fait-il allusion au traité d'amitié ? Risqué ! Car le report de la signature de ce traité - qui devait donner un nouvel élan aux relations historiques entre les deux pays - est dû essentiellement à la polémique qui a éclaté autour du passé colonial de la France. C'est l'adoption par le Parlement français, le 23 février 2005, de la loi controversée sur le rôle « positif » de la colonisation en Afrique du Nord qui a jeté un froid dans les relations algéro-françaises. Le rejet de la droite française, le 29 novembre 2005, de l'amendement de l'article 4 - qui recommande que les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer - proposé par le Parti socialiste a attisé la polémique. Cette loi, qui a suscité de vives réactions et des condamnations des deux rives de la Méditerranée, a été qualifiée par le président Bouteflika de « cécité mentale », la dénonçant à plusieurs occasions. En évitant d'évoquer le traité d'amitié, le Président aurait signifié à la France qu'il n'est pas prêt à revenir sur sa position déjà exprimée, à savoir qu'il n'y aura pas de traité d'amitié tant que la France n'aura pas reconnu les crimes commis durant la colonisation .