Le chef de l'Etat a tenu, d'entrée, à remettre les pendules à l'heure. Le président de la République a procédé avant-hier à la signature de la loi de finances 2006, acte qui formalise la reprise de l'activité présidentielle après une absence de 5 semaines. Qualifiant son hospitalisation en France d'«absence forcée et un séjour d'un mois hors du pays», le chef de l'Etat a tenu, d'entrée à remettre les pendules à l'heure dans un message adressé aux Algériens. «En reprenant mes fonctions, je tiens à vous affirmer que je n'ai point cessé, durant toute la période de ma convalescence, de superviser les affaires de l'Etat et de diriger ses actions», a-t-il soutenu, histoire de confirmer les propos de son ministre représentant personnel, Abdelaziz Belkhadem, et démentir par-là même, les rumeurs sur la «vacance du pouvoir» distillées par des cercles politiques qui lui sont hostiles. Plus encore, le président de la République rassure sur ses «pleines capacités pour poursuivre la mise en oeuvre du programme» sur la base duquel il a été élu pour un second mandat, «en toute confiance». Programme «qui vise, en premier lieu, à consacrer la sécurité du citoyen et le bien-être de notre peuple», a souligné le chef de l'Etat qui a renouvelé son engagement «à poursuivre, grâce à votre soutien, citoyens et institutions, mes efforts en vue de conférer davantage de rationalité à l'Etat, d'engager la réforme de ses structures de manière à imposer la force de la loi, et de réformer la justice et le système éducatif. Ces efforts, grâce à Dieu, commencent à porter leurs fruits». Ainsi, pour son premier message officiel aux Algériens, après la reprise de ses activités, tout en insistant sur la poursuite des grandes réformes entamées au premier mandat, le président de la République affiche un certain optimisme quant à l'avancée de ces importants chantiers. Au plan politique toujours, le président de la République a relevé que «l'Algérie, qui a recouvré sa place dans le concert des nations, se doit impérieusement de relancer son processus de développement dans tous les domaines, pour mieux s'adapter à des exigences de plus en plus pressantes». Une détermination, donc, à accompagner le retour de la crédibilité du pays sur la place internationale par un sursaut interne, à même de fructifier l'aura de l'Algérie dans le sens d'un mieux-être de la société. En cette occasion quelque peu spéciale où les Algériens ont manifesté leur joie de voir le chef de l'Etat retrouver le sol national, Bouteflika n'a pas manqué de montrer toute sa sensibilité aux «marques de sympathie et d'amour que vous m'avez témoignées et les craintes et préoccupations dont vous avez fait montre au sujet de mon état de santé». Dans une autre lettre, adressée, celle-là, au président Chirac, pour le remercier de l'accueil «chaleureux et affectueux» lors de son hospitalisation et sa convalescence en France, le chef de l'Etat a affirmé sa conviction que «la relation privilégiée» entre l'Algérie et la France «construite sur des bases nouvelles, plus que jamais fondées sur la confiance et le respect mutuels, trouvera sa pleine expression dans l'oeuvre de refondation et de restructuration des relations algéro-françaises porteuse d'une vision affirmée de rapports nouveaux répondant pleinement à l'attente» des deux peuples. Cette phrase, si elle est de circonstance en pareille occasion, n'en permet pas moins d'entrevoir une invitation à approfondir le dialogue pour aboutir à un assainissement véritable des rapports entre les deux pays, entachés par l'entêtement d'une partie de la droite française qui maintient une position ambiguë sur le rôle de la France coloniale en Algérie, laquelle position est d'ailleurs dénoncée par une bonne partie de la classe intellectuelle de l'Hexagone. Jacques Chirac qui a montré sa disponibilité à contourner le vote de sa propre majorité au Parlement sur la loi du 23 février, oeuvre à dégager cette entrave à la réconciliation algéro-française. Les deux messages de Bouteflika, aux Algériens et au président français, témoignent d'une volonté de poursuivre la politique engagée par l'Etat tant au plan intérieur que dans les relations entre Alger et Paris.