Au chapitre du délabrement des valeurs sociales, le Ramadhan de cette année n'a rien à envier à ses devanciers. Dans certaines agglomérations de la wilaya de Mila, il a même atteint en matière de dérives verbales et d'agressions physiques des seuils intolérables. Dans les marchés publics, devant les station de bus et celles des taxis ou sur la route, nous assistons pantois, matin et soir, à des scènes qui frisent l'indécence et choquent la morale. Insultes, propos blasphématoires et obscénités s'échangent à tout bout de champ entre différents antagonistes, notamment les marchands informels se disputant un bout de trottoir ou de chaussée. L'on a déjà vécu, en ce début du mois de jeûne, de violentes prises à partie entre des énergumènes déchaînés s'échangeant, pour un oui ou pour un non, des vertes et des pas mûres. Plus grave encore, quelques batailles rangées ont eu lieu entre des personnes exaltées, à mains nues ou impliquant des individus armés de gourdins et d'autres armes blanches. Selon nos propres constatations et les témoignages concordants recueillis, des blessés sont à déplorer à l'issue de ses algarades. L'incivisme de certains drôles de jeûneurs est, on ne peut plus, à fleur de peau. Car, il suffit, a-t-on remarqué, d'un simple écart de langage, d'un coup de klaxon jugé intempestif ou de n'importe quel autre prétexte pour déclencher une altercation se terminant parfois en mêlée générale.