Lundi 8 août 2011. Les habitants de la ville de Hassi Messaoud ont connu une rupture de jeûne au son des sirènes qui retentissaient dans les quartiers avoisinant la zone industrielle. Derrière l'établissement d'El Manara, à environ 900 mètres à vol d'oiseau, un puits de pétrole, en production depuis plusieurs années, a pris feu aux environs de 19h, et ce, non loin de la raffinerie de Hassi Messaoud, ce qui a provoqué une grande panique au sein de la population, avertie de l'incendie par l'immense nuage de fumée bien visible du grand rond-point très fréquenté qui donne sur la raffinerie de Hassi Messaoud. Une scène pourtant bien connue des pétroliers rompus à des incidents sur puits en forage plus graves que ceux en production dont la pression baisse après plusieurs années de rendement. L'explosion d'hier n'a pas retenti au loin, ce qui a laissé les quartiers plus en retrait dans l'ignorance de l'accident, premier dans son genre dans la zone urbaine. Selon un premier bilan, cet incendie de plus de 50 mètres de hauteur a enregistré six blessés dont deux brûlés au second degré évacués à Ghardaïa. Il s'agirait, donc, de travailleurs appartenant à des entreprises de sous-traitance actives à proximité de ce puits censé être clôturé. Ce qui n'était pas le cas vu les vols récurrents de clôtures de puits en production. Outre la spectaculaire prise de feu, les habitants de Hassi Messaoud ont ressenti la hausse de la température qui était de 41°C à 21h. Les habitants s'apprêtaient à quitter aussi rapidement que possible la ville avec un réservoir plein d'essence. Un foule de résidants se trouvait à proximité du périmètre de sécurité, délimité par la police, pour s'enquérir eux-mêmes des dernières nouveautés de l'évènement, les autres, quant à eux, se sont garés juste à côté du siège de la Protection civile qui offrait une bonne visibilité sur l'incendie ainsi que l'éventualité de pouvoir fuir le sinistre le plus vite possible. Une centaine de personnes étaient perchées, quant à elles, en spectatrices sur la clôture extérieure du quartier «442» donnant sur la grande route à double voie où une conduite de gaz, venant de la raffinerie de Hassi Messaoud vers les installations de transport de pétrole et de gaz de Haoud El Hamra, a été purgée pour libérer le gaz restant au niveau de la conduite et réduire ainsi tout risque d'explosion. Une frange de la population semblait sereine : la prière de tarawih pour les plus assidus, le shopping pour certaines familles, les cafés pour les hommes pris d'ennui. Un comportement qui dénote d'un fatalisme avéré ou de l'ignorance de la dangerosité de la raffinerie de Hassi Messaoud. Aujourd'hui vers 10h, les gigantesques flammes avaient disparu et l'extraordinaire nuage noir s'est dissipé, mais l'incendie du puits n'a pas été totalement maîtrisé. Grâce au plan mutuel d'intervention (PAM), qui a réuni plusieurs intervenants appartenant aux nombreuses entreprises de forage et autres services aux puits, l'incendie a été totalement neutralisé, hier, vers 13h. Jusqu'à présent, il semblerait difficile de se prononcer sur les vraies causes de l'incident, mais les habitants, et non les spécialistes, spéculent sur un éventuel acte de sabotage. L'enquête en cours révélera le secret de ce spectaculaire et rare incendie qui rappelle à nos mémoires le gel par décret de Hassi Messaoud en 2005 et le retard du transfert de ses habitants vers une nouvelle ville encore au stade d'espace vert.