Je souhaite que les choses soient dites. Nous allons célébrer en 2012 le cinquantième anniversaire de l'indépendance algérienne, l'histoire et ses douleurs multiples.» La position du candidat à l'investiture du Parti socialiste pour 2012, François Hollande, sur la question de la mémoire, tranche totalement avec l'intransigeance de la majorité de la classe politique française, surtout la droite, concernant les crimes et les méfaits de la France coloniale en Algérie. M. Hollande s'exprimait cette semaine sur les colonnes du magazine Jeune Afrique. L'ancien premier secrétaire du PS n'est pas à sa première sortie sur le sujet. Lors de sa visite à Alger, en décembre 2010, il avait dit presque la même chose lorsqu'il lui a été demandé de s'exprimer sur la très sensible question de la repentance. François Hollande n'a pas été jusqu'à demander des excuses ou du moins s'engager à le faire s'il est élu président en 2012, mais il a laissé entendre que ce serait chose possible. «C'est la France qui doit le faire. On doit dire que la colonisation méritait d'être condamnée et aurait dû l'être. Il faut regarder l'histoire pour passer à la suite après 2012», avait-il lâché devant les journalistes qui couvraient l'événement. C'est donc presque une promesse de ce socialiste qui représente une sorte d'anti-Sarkozy qui, lors de son pèlerinage à Alger, a cherché plutôt à séduire en donnant une image d'un homme prêt pour une réconciliation algéro-française. Seulement, arrivera-t-il à fléchir les positions connues de certains milieux français, de puissants lobbys enfermés dans la nostalgie coloniale et n'ayant pas encore digéré l'indépendance chèrement acquise de l'Algérie. Entre dire et faire, il y a en effet un océan de prudence et de calculs. Et en période de campagne, il arrive aux hommes politiques de dire plus qu'ils n'en veulent faire. François Hollande est bel et bien en campagne et sait mieux que n'importe qui l'apport que peut constituer le réservoir de voix de la communauté algérienne établie en France. Le candidat à l'investiture du Parti socialiste l'avait confié lors de sa visite d'Alger. «C'est un message pour la communauté algérienne et tous ceux qui ont un lien avec l‘Algérie», avait-t-il déclaré. François Hollande avait même rajouté une dose d'émotion à sa quête de voix en disant : «Je ne suis rien venu gagner si ce n'est peut-être les cœurs.» Une vraie lapalissade pour un homme politique venu gagner les cœurs pour gagner des voix. Sa disposition à condamner le crime colonial et pour quoi pas présenter des excuses aux Algériens s'inscrit certainement dans son plan de campagne. Faut-il alors lui accorder le bénéfice du doute ?