François Hollande s'est prononcé sur l'épineuse question de la mémoire en allant à l'encontre des positions de beaucoup de responsables politiques de l'Hexagone. Voilà qui tranche avec les discours lénifiants et “les notes de bonne conduite” : l'ancien secrétaire général du Parti socialiste français, François Hollande, actuel candidat aux primaires pour l'élection présidentielle de 2012 et potentiel adversaire de Nicolas Sarkozy, a estimé que l'Algérie, épargnée jusque-là par le soulèvement révolutionnaire qui affecte nombre de pays arabes, doit faire des progrès démocratiques et de justice économique. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Jeune Afrique, François Hollande, s'il suggère que l'Algérie reste traumatisée par la décennie noire, n'en estime pas moins que l'ouverture démocratique est nécessaire. “Il y a eu des secousses en ce sens, mais l'Algérie se souvient de la guerre civile. D'ailleurs, il s'y produit encore des actes terroristes. L'idée de la concorde nationale demeure. L'Algérie doit pourtant faire un double effort de progrès démocratique et de justice économique, par le biais notamment d'un partage plus équitable de la rente pétrolière et gazière”, a-t-il dit, en réponse à une question sur les raisons qui font que l'Algérie n'a pas été touchée par le Printemps arabe. François Hollande, qui a déjà séjourné en Algérie en décembre dernier sur invitation du FLN, s'est également prononcé sur l'épineuse question de la mémoire. À contre-courant de nombreux responsables, notamment du parti majoritaire au pouvoir, l'UMP, François Hollande a souhaité que le France présente ses excuses au peuple algérien pour son passé colonial. “Je souhaite que les choses soient dites. Nous allons célébrer en 2012 le cinquantième anniversaire de l'indépendance algérienne. Ce sera l'occasion de rappeler ce qu'est le passé, l'Histoire et ses douleurs multiples. Il ne faut pas nous figer dans une commémoration qui sera forcément différente dans l'évocation du souvenir en Algérie et en France. Nous devons être dans une relation de confiance mutuelle et dans la construction de projets communs. Tant de liens humains, culturels et économiques nous unissent”, a-t-il affirmé. En déclinant franchement ses positions sur deux thèmes majeurs qui touchent l'Algérie, François Hollande semble se placer d'ores et déjà en perspective de la présidentielle française de 2012. À l'inverse de ses prédécesseurs et d'autres responsables de l'establishment français, il préfère se tourner résolument vers l'avenir. Reste à savoir comment ce discours sera perçu à Alger. En tout cas, il est loin du fameux “il faut” de François Mitterrand qui demandait à Alger de laisser régner le parti islamiste dissous, l'ex-FIS, vainqueur au premier tour des premières élections pluralistes de 1991.