Selon un récent rapport des Nations unies, la révolution tunisienne a fait 219 tués et 519 blessés. 147 sont morts durant les troubles, les autres en prison. Mais toujours pas de coupables. «Certains juges d'instruction ont été menacés après avoir entendu des suspects. Il y a un véritable bras de fer avec le ministère de l'Intérieur. A plusieurs reprises, celui-ci a refusé de livrer des assassins», explique l'avocat Kellil Charfeddine, qui y voit la pérennisation du système Ben Ali. Ce trentenaire fait partie d'un collectif qui a porté plainte contre 15 anciens membres du gouvernement. Depuis son bureau sur une rue parallèle à l'avenue Bourguiba, il s'occupe aussi du dossier de douze martyrs. «Le pire, c'est que dans beaucoup de cas, l'assassin est connu. Les témoignages convergent. Il y a des vidéos, des collègues de policiers ont parlé», précise l'avocate, Imen Béjaoui, qui fait aussi partie du collectif. Comme ce lieutenant de police de Degache près de la frontière algérienne. Personnalité connue et respectée, il a tué trois jeunes le 11 janvier. Il a été muté à Monastir. Six mois après la révolution, un seul procès s'est ouvert devant le tribunal militaire de Sfax. Il s'agit de celui d'un jeune tué par un agent de sécurité. L'audience a été ajournée au 15 août prochain.