La plage n'étant pas indiquée en ce mois de Ramadhan, des habitants d'Ighzer Amokrane préfèrent prendre de l'altitude sur les hauteurs de la commune d'Ouzellaguen pour recharger leurs accus en oxygène, en attendant l'appel du muezzin. La route menant du chef-lieu communal vers Ighil Oudles, Ifri, Ighbane ou Tighilt, sur une dizaine de kilomètres, devient plus fréquentée en fin de journée et le week-end par les véhicules de particuliers et les fourgons des transport de voyageurs. Pour la plupart, il s'agit là d'une bonne occasion de se promener pour passer le temps mais aussi de s'approvisionner en eau fraîche de source, celle du robinet n'étant pas particulièrement prisée. Munis de leurs jerricans, certains y vont seuls au moment où d'autres préfèrent y faire un tour en famille, même si les femmes sont plus ou moins occupées dans la préparation du f'tour. Si l'eau est indispensable en cette période de fortes chaleurs, d'aucuns aimeraient en avoir sur la table pour agrémenter la richesse des mets du mois de Ramadhan. Il se trouve même des jeûneurs parmi les plus exigeants qui montent le plus haut possible pour capter celle qu'ils considèrent la meilleure d'entre toutes. La source Talghomt, sise en amont du village Ighbane, est tellement réputée pour ses valeurs organoleptiques qu'un certain Rebrab s'en est intéressé, affirmait-on, il y a une dizaine d'années, pour sa mise en bouteille industrielle. Les villageois avaient alors opposé leur véto en raison de la pénurie du liquide précieux qui sévissait dans la commune avant que l'apport salutaire émanant du barrage de Tichi Haf ne règle le problème du point de vue quantitatif. C'est ainsi qu'une partie de son débit a été canalisée et annexée au réseau d'AEP, mais la plupart des localités de la vallée, telles Hellouane, Sellouana et Tiouririne, n'ont pas la chance d'en goûter et se contentaient de celle, sans saveur, desservie à partir des forages sis au lit de l'oued Soummam. Les fontaines publiques des villages historiques du douar d'Ouzellaguen sont donc prises d'assaut et celle de Bouaissi, à mi-chemin, est la plus sollicitée. La température retombe au fur et à mesure que l'on prend de l'altitude. La verdure est cette année en abondance, et nombreux sont les villageois qui croisent les doigts pour qu'ils continuent à être épargnés par les feux de forêt dévastateurs. 1er festival de la montagne «Le tourisme de montagne n'est, certes, pas une réalité pour le moment, mais le rappeler aux gens est opportun, car des escapades dans ces endroits enchanteurs valent le détour à plus d'un titre», affirme Ferhat Yelaoui, président de l'association culturelle et écologique Benbournane Abdelhamid. «C'est dans cette optique que nous avons organisé le mois dernier le 1er Festival de la montagne au cours duquel des activités sportives et une collecte de déchets solides le long de l'axe routier Tigrine Col de Chréa, via Nasroune, ont été au programme», ajoutera notre interlocuteur. Il était question d'une course de VTT, de parapente et de spéléologie. Si une dizaine de cyclistes s'en est donnée à cœur joie, Billel Lahneche, du Club amateur des sports aériens et de montagne de Seddouk, n'a effectué que quelques sauts en parapente à cause de vents défavorables. Une défection a été toutefois enregistrée parmi des amateurs de spéléologie car explorer la grotte d'Azrou Merzoug, qu'on dit longue de plusieurs kilomètres, leur aurait été sûrement un réel plaisir. Un mouvement juvénile a créé, en somme, une ambiance festive appréciée par ceux qui ont choisi d'habiter en permanence en montagne et les touristes de passage. Sans nul doute que l'engouement pour ces espaces naturels ira crescendo pour peu que les pouvoirs publics daignent y installer quelques aménagements utiles car des randonnées pédestres par les temps qui courent le long de sentiers escarpés en quête d'un bol d'air pur, alternative au surf sur la toile, sont en effet à prescrire ou à redécouvrir.