En ces nuits du mois de Ramadhan, le commerce illégal des grillades prend de l'ampleur à Mila. Ragaillardis par l'immobilisme des pouvoirs publics à endiguer ce fléau, vecteur de maladies insoupçonnées ou, du moins, de risques d'intoxication alimentaire, des dizaines d'adolescents et de jeunes débrouillards se convertissent en commerçants de brochettes. La densité de cette activité incontrôlée est si prégnante que l'on trouve, à loisirs, 4 à 6 gargotes de fortune sur un même tronçon de trottoir. Ces bicoques sont érigées, pour la plupart, à proximité de dépôts d'immondices, le long d'artères carrossables. D'où le soulèvement d'écrans de poussière au passage des véhicules et le dégagement d'odeurs désagréables. Nonobstant ces aléas, qui pèsent comme un couperet sur la santé des consommateurs, ces derniers n'en ont cure. Ils affluent sans discontinuer sur ces étals suspects pour déguster des brochettes de viande ou d'escalope. «Les affaires marchent plutôt bien et je dois vous avouer que, par moment, on est submergés par les clients», nous a révélé un gargotier occasionnel, élisant domicile dans une cité-dortoir. Nous avons constaté que de grandes quantités de brochettes sont exposées à l'air libre et que la majorité de ces restaurateurs ne disposent pas de moyens de conservation et de froid. Certains vendeurs ont affirmé «n'avoir jamais été inquiétés par les brigades de contrôle».