Ce sont pas moins de dix-neuf artistes miniaturistes et enlumineurs qui se sont retrouvés, l'espace de trois jours, au Centre des loisirs scientifiques de Didouche Mourad pour exposer leurs plus belles reliques. Organisé dans le cadre du mois sacré du Ramadhan et de la Journée du moudjahid, cette exposition de miniature et d'enluminure se décline sous la forme d'un voyage dans le passé. Ce voyage visuel révèle la magie de l'art dans la finesse et la délicatesse. Le vernissage de cette exposition s'est déroulé en soirée en présence du wali délégué de Sidi M'hamed, de moudjahidine, d'artistes et d'anonymes. Les cimaises du Centre de loisirs sont ornées de vingt-cinq tableaux aux dimensions variées et aux couleurs chatoyantes. Un simple petit tour suffit pour mesurer la merveille émanant de ces tableaux racontant des pans de l'histoire. Diplômé en études de calligraphie en Tunisie et en Espagne, l'artiste Skander Abdelhamid a proposé sept belles œuvres sur la calligraphie arabe. La seule femme présente à cette exposition est Nadia Bensaïd et elle propose une miniature modernisée colorée intitulée Soulèvement de Fatma N'Soumeur, où l'on peut admirer à loisir une scène assez déchirante : une femme à la chevelure généreuse se bat contre son bourreau. Ce dernier est déterminé à l'anéantir par le biais d'un serpent. De la terre sortent uniquement des mains humaines. La parole semble avoir été confisquée et bâillonnée à tort. Floralie picturale Le tableau de Hadj Ali Mourad intitulé Bouquet transmet un message de paix et d'embellie. Pour sa part, Mokdani Tahar propose une enluminure datant de 1974 mettant en exergue une page du Coran avec une écriture raffinée et des tons oscillant entre la turquoise et le grenat.L'enlumineur, Ziad Omar livre des travaux très contemporains. Il se plaît à donner sa propre vision sur l'enluminure. Une enluminure libre dévoilant une femme kabyle s'attelant à son tamis, deux Targui bien installés sur des chameaux ou encore des enfants à l'allure studieuse, assis sur une paillasse avec des ardoises en main, dans une école coranique. Primé en 1971, l'enlumineur Adjaout Mustapha livre une œuvre coranique datant de 1982. Les tons choisis, en l'occurrence le bleu et le violet, ont donné un cachet particulier à ce tableau. L'un des doyens de la céramique, Ranem Mohamed, est présent avec une œuvre baptisée Basmala.Longue de 1,20 m, cette œuvre ancienne a été conçue à partir du support de la faïence. L'écriture est d'une finesse irréprochable. L'artiste a choisi de délimiter le périmètre de son œuvre par des dorures bien étudiées. De son côté, le céramiste Djarboua Djamel dévoile une de ses œuvres remontant aux années 1980 où l'on peut lire aisément une écriture coranique. L'encadrement est quelque peu endommagé au niveau de certains endroits : façon singulière de donner plus d'authenticité à ce tableau d'une portée inestimable.Cette exposition de miniature et d'enluminure peut se targuer d'avoir défraîchi un pan de notre riche patrimoine et ce, au grand bonheur des visiteurs nombreux en ces soirées de Ramadhan.