Alors que la rébellion prenait le contrôle de Tripoli et que le Conseil national de transition (CNT), organe dirigeant, s'apprêtait à rejoindre la capitale pour en faire le siège du nouveau pouvoir libyen, son président, Moustapha Abdeljalil, tenait au même moment une conférence de presse pour ébaucher les grandes lignes de l'après-Gueddafi. Celui-ci n'a pas manqué de souligner que la nouvelle Libye sera fidèle aux engagements pris par la révolution avec la création du Conseil national de transition. Elle saura reconnaître ses alliés et tous les pays qui l'ont soutenue jusqu'à la victoire, jusqu'à la chute du régime d'El Gueddafi. Créé le 27 février à Benghazi, à l'est du pays, juste au lendemain des premières révoltes, le CNT est présidé depuis par un ancien ministre de la Justice du régime du guide, rallié à la rébellion dès le début des affrontements. A partir du mois de mars, il s'est voulu au départ un comité de gestion de crise, composé d'une quarantaine de membres désignés, semble-t-il, sur la base de leur compétence et d'une représentation géographique, voire tribale. A partir du mois de mai, le CNT a mis en place un bureau exécutif, une sorte de gouvernement dirigé par Mahmoud Jibril et composé de quatorze membres, dont la majeure partie sont des technocrates. Aujourd'hui, les tâches qui attendent le CNT dans la nouvelle Libye dépassent de loin la simple gestion de crise qu'il s'était assignée au début, à savoir la gouvernance d'un pays ravagé par plus de quarante ans de dictature et la destruction systématique des institutions qui existaient avant le coup d'Etat d'El Gueddafi en 1969 et leur remplacement par une caricaturale «massocratie», la fameuse Jamahiriya symbolisée par les pseudos comités révolutionnaires qui devaient suppléer aux partis politiques, aux syndicats et à l'administration… C'est dire l'ampleur des tâches qui attend les autorités transitoires qui ont commencé par se réapproprier l'emblème national, remplacé par El Gueddafi par le drapeau vert. Fort de la reconnaissance internationale par une trentaine de pays, le CNT a présenté une feuille de route pour l'«après-Guedddafi» dans laquelle il s'engage, dès son retour à Tripoli, de nommer, dans les 30 jours qui suivent, un gouvernement intérimaire qui aura pour mission d'organiser l'élection, dans les huit mois, d'une assemblée nationale de transition de 200 membres. Celle-ci nommera alors un Premier ministre. Tout comme elle aura à désigner un comité chargé de rédiger le projet de la nouvelle Constitution soumis à référendum. Cette assemblée de transition aura aussi pour tâche d'élaborer des lois électorales en prévision d'élections générales dans les six mois. Lesquelles seront supervisées par l'ONU et d'autres organisations internationales. Ces propositions ont été accueillies favorablement par la communauté internationale. Pour le moment, le groupe de contact, composé des pays occidentaux et de certains pays arabes qui ont soutenu la rébellion, devrait se réunir, à l'initiative de la France, dans les prochains jours afin d'arrêter la «feuille de route» de la communauté internationale aux «côtés» des Libyens.