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Roberto Benigni, la vie est encore belle
Le retour du magicien
Publié dans El Watan le 05 - 01 - 2006

L'auteur de La Vie est belle nous revient cet hiver avec un film majeur digne des grands burlesques des années folles et porteur d'un titre très fellinien : Un Tigre et la neige. Roberto Benigni avait fait une apparition très médiatique lors de la sortie de La Vie est belle. Qui ne se souvient du Grand prix du jury décerné à Cannes par un jury présidé par le grand Martin Scorcese et de la scène ahurissante à laquelle cette cérémonie a donné lieu ? Le numéro de clown, auquel il s'était livré, avait réussi à éclipser tout le reste de sa carrière antérieure et à l'affirmer aux yeux du grand public comme l'élément fondateur du nouveau Benigni.
Il accède à la gloire internationale en 1997 avec La vie est belle, film dans lequel il incarne un père tentant de protéger son fils de la réalité des camps de concentration nazis en le faisant rire. Cette fable tendre combinée avec un sujet émouvant pour le monde du showbiz occidental, lui a valu une cascade de distinctions : le Grand prix du jury à Cannes ainsi que l'Oscar du meilleur film étranger et celui du meilleur acteur. Pourtant, Benigni avait longtemps « ramé » avant d'accrocher la lune à sa boutonnière. Né dans l'Italie rurale, il étudie à Florence et travaille en tant qu'apprenti magicien. A 20 ans, il est remarqué par un réalisateur romain qui l'entraîne dans sa troupe de théâtre. Il forge son apprentissage artistique sur scène avant de devenir la vedette d'un show télévisé très populaire en Italie, The Other sunday. Son humour décapant lui vaut une énorme popularité, mais il se voit bannir un an du petit écran, en 1980, pour avoir tourné en dérision le pape Jean-Paul II. Il retiendra de cette leçon, qu'il vaut mieux flatter les valeurs acquises de l'Occident que de les écorcher. Sa maîtrise de l'effet télévisuel jouera sans doute un rôle essentiel dans sa relative traversée du désert et encore plus après La Vie est belle. Il sait jouer avec les médias et les publics et décide de présenter cette image de fou sautillant et vociférant, expérimentée sur la scène du palais des festivals à Cannes en 1997. Comme on a pu le voir lors de la campagne de lancement de son nouveau film, il ne va plus cesser de répéter son « je vous aime » pour éviter d'en dire plus. Avant d'accéder à la possibilité de réaliser lui-même, Roberto Benigni a connu une longue période où il a été un acteur à succès, plutôt classé comme un bon comédien de second rôle de composition. Il tourne avec les plus grands, mais il débute sa carrière cinématographique en 1976 en signant le scénario de Berlinguer ti voglio bene de Bernardo Bertolucci. Comme acteur, il se distingue successivement dans Clair de femme de Costa Gavras, Pipicacadodo de Marco Ferreri et La Luna de Bertolucci. Ce n'est qu'en 1983 qu'il réalise son premier long métrage avec une comédie Tu mi Turbi. Le film marque la rencontre de Benigni et de Nicoletta Braschi, qui deviendra sa compagne en même temps sa plus fidèle collaboratrice.
Un humour poétique
En 1986, il joue dans le Down by Law de Jim Jarmusch. En 1990, il joue sous la direction de Federico Fellini avec La Voce della luna puis retourne aux Etats-Unis en 1993 pour incarner Jacques Clouseau Jr. dans Le Fils de la panthère rose de Blake Edwards. Entre-temps, il avait réalisé deux comédies Le Petit diable et le monstre, qu'il met en scène et dont il interprète le premier rôle. C'est l'époque de sa première consécration d'avant 1997 : c'est là qu'il impose son physique un peu lunaire et cet humour poético-burlesque, qu'on retrouve pleinement accompli dans son dernier film Le Tigre et la neige. La scène d'ouverture du film a fait dire à certains critiques qu'il y avait là un mélange de Fellini, de Chaplin et pour la partie américaine, de Blake Edwards. C'est vrai et réducteur à la fois, tant il est vrai que Benigni est devenu tout au long de sa longue et riche carrière un auteur à part entière, indissociable du scénariste, de l'acteur et du metteur en scène. Dans Le Tigre et la neige, il incarne Attilio, un petit homme hyperactif et exubérant qui rêve qu'il épouse la femme de ses rêves au son d'une rengaine de Tom Waits et sous les yeux d'une foule où l'on reconnaît des personnages étranges et réels à la fois comme Jorge Luis Borges, Boris Eltsine et Marguerite Yourcenar. Il est en caleçon et le réveil est brutal : son portable sonne et un policier vient lui rappeler les dures lois de l'establishment, car sa voiture est mal garée. Dans la réalité, la femme qu'il suit et poursuit de ses assiduités le fuit. Cette scène concentre en elle tout l'art de Roberto Benigni, nouveau chantre d'un humanisme cinématographique moderne surgi du burlesque et grandi dans la tendresse. Dans le tableau suivant, Attilio se trouve pris dans une manifestation contre la guerre en Irak bariolée par cette fameuse affiche des pacifistes italiens sur laquelle est inscrit le mot « Pace ». Nous sommes en effet, en mars 2003. Les Anglo-Saxons ont envahi l'Irak et l'inaccessible Vittoria se trouve à Baghdad pour terminer la biographie du poète Fuad (interprété par un Jean Reno totalement crédible en intellectuel arabe désemparé). Blessée par une bombe américaine, elle sombre dans un coma profond. A Rome, Attilio apprend la nouvelle et décide sur le champ de rallier Baghdad. Là, il découvre le péril de la mort, l'absence de médicaments et l'horreur de la guerre. Sa croisade antiguerre il la fera sentir au spectateur européen à travers la destinée de la femme qu'il aime : si elle meurt, le monde entier s'effondrera. Compilant des poètes de toutes origines, comme Nazim Hikmet ou Pablo Neruda, Attilio va produire un torrent de mots synonymes de vie dans le style : « Tout disparaîtra, le soleil, le ciel, les étoiles, le sable, le vent, les grenouilles, les pastèques mûres, les fins d'après-midi, les siestes estivales, le basilic, les courgettes... ».
Le Bazar de Baghdad
Comme l'écrivait Fitzgerald, alors apprenti scénariste à Hollywood, « les mots sont action ». A sa manière, Benigni montre le chaos d'une ville pilonnée par les Américains, courant de pharmacies fermées en hôpitaux précaires. « Je souhaitais, précise Benigni dans une interview, montrer à quel point bombarder le ciel de la tour de Babel, berceau de toutes les langues, est un acte destructeur.C'est un ciel sacré, le plus ancien du monde. » Grâce à un vieux pharmacien à la barbe blanche et au visage angélique, il fabrique de la glycérine avec les moyens du bord et traverse le Bazar de Baghdad dans un décor d'apocalypse pour dénicher une bombonne d'oxygène. A la recherche de médicaments, ll traverse le pays à moto ou à dos de chameau, pour mieux montrer l'absurdité de la guerre et la présence anachronique de boys nerveux et perdus. Il est venu sauver celle qu'il aime, mais en profite pour affirmer la primauté de la poésie sur la vulgarité de la guerre. A le voir danser dans un champ de mines ou pris pour une bombe humaine parce que bardé de médicaments, on se souvient soudain de ce suspense éternel qu'est la vie en tant de guerre. Dans Un Tigre et la neige, Roberto Benigni signe un chant d'amour dédié à l'amour et à la paix. Il clame son rejet de la guerre et montre une tendresse très touchante envers tous les personnages irakiens qu'il rencontre. L'humanisme ce n'est pas se contenter du minimalisme pacifiste, mais bien d'aimer ceux qui souffrent et sont victimes des envahisseurs barbares.


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