Le dernier film de Roberto Benigni est à son image, tendre et généreux. Fidèle à ses gestes grandiloquents, à son prolixe et sa démesure humaine autant que sa grande générosité de comédien, Roberto Benigni, qui signe dans Le tigre et la neige son dernier film, sorti en 2005, ne déroge pas au cliché de son personnage. Atypique. L'histoire se passe en 2003. La guerre en Irak se fait de plus en plus menaçante. A Rome, Attilio alias Roberto Benigni, poète, est tombé amoureux de Vittoria (Nicoletta Braschi) qu'il rêve d'épouser toutes les nuits. Mais Vittoria ne s'intéresse pas à lui et perd patience devant les efforts de séduction de ce poète entêté et déraisonnablement amoureux. Un jour, Attilio reçoit un appel d'un ami, grand poète irakien, interprété par Jean Reno, dont Vittoria écrit la biographie depuis Baghdad. Vittoria victime d'un des premiers bombardements anglo-américains sur la ville, est mourante à l'hôpital. Qu'à cela ne tienne ! malgré la guerre en Irak, Attilio, aveuglé par son amour, part à Baghdad en se faisant engager dans une mission humanitaire et vole au secours de sa dulcinée ayant reçu un choc sur la tête. Attilio tentera par tous les moyens de la maintenir en vie, bravant les pires dangers... Produit par Melampo cinématographica, une maison de production fondée en 1991 par Benigni et Nicoletta Braschi, le film oppose le pouvoir de la poésie et des mots au pouvoir insensé de la guerre. Le tigre et la neige s'inscrit toutefois dans la même lignée de La vie est belle où le sentiment, la vie et son moteur l'amour, sont plus fort que la bêtise de la guerre. Le lyrisme poétique accompagne tout au long le film qui fait recours souvent à des citations de poètes tels Neruda, Hikmet, Eluard...etc. Jean Reno, dans la peau de ce poète irakien, surprend dans ce rôle qui laisse pour une fois la violence le contourner sans s'y mêler. Fort au dedans, il laissera malgré tout le pessimisme l'inonder et se suicide, car ne pouvant supporter l'image hideuse de son pays d'aujourd'hui. Il représente tous ces artistes qui ont mal de la déchéance de leur pays et souffrent de ne rien pouvoir faire. Entre absurdité et réalité, rattrapé par l'histoire, le film de Roberto Benigni plaide pour la vie que fait naître l'amour et sa quête folle pour l'obtenir en dépit de tous les obstacles rencontrés en cours de route. Passionné et effréné, Attilio ne s'arrête jamais de courir pour réaliser son désir. Est-ce la philosophie du réalisateur Benigni? Le film fait appel aussi au talent du chanteur Tom Waits qui interprète You can never hold back spring. Ce morceau revient à plusieurs reprises, arrangé de différentes façons. Le tournage du film s'est déroulé dans les studios de cinéma de Papigno en Italie, durant quatre semaines, puis à Rome durant cinq semaines. Enfin en Tunisie, pendant sept semaines où la partie irakienne a été reconstituée entre Tunis, Tozeur, Gafsa et Nefta. Le film Le tigre et la neige sort à Alger début du mois de juin. Il sera distribué en Algérie par Kino Max qui compte encore dans sa besace les films Maradona de Emir Kusturica et Azur et Asmar un film d'animation de Michel Ocelot, sélectionné cette année au festival de Cannes.