Le fantasque Roberto Benigni n'a pas dérogé à sa réputation lors du rendez-vous accordé à la presse, où il devait, après quatre mois de travail sous haute surveillance, dévoiler les coulisses du tournage très secret de son «Pinocchio». Ce qui devait être une conférence de presse s'est transformée en représentation théâtrale: un monologue de cinq minutes sur les planches d'un théâtre de marionnettes géant, à Rome, l'acteur, encore vêtu en costume de Pinocchio, déclamant avec ses envolées exubérantes habituelles des passages du genre: «Pinocchio est le livre le plus connu au monde, après la Bible et le Coran, et, lui aussi, c'est un fondamentaliste, le fondamentalisme de la joie de vivre...» Benigni a affirmé qu'il avait désiré incarner le personnage de la fable italienne de Carlo Collodi, créé entre 1880 et 1883, avant même de l'avoir connu et que Pinocchio était son rôle le plus difficile, car il est, selon lui, Don Quichotte, Faust, Hamlet et dipe réunis. Les journalistes, ensuite, ont été surpris par une sortie de scène, pour le moins, inattendue pour une conférence de presse. «Y a-t-il des questions? Je répondrai à tout: parole de Pinocchio», a lancé l'acteur avant de disparaître, plantant là les journalistes incrédules et défiant ainsi la malédiction de voir son nez s'allonger. Comme quoi, Benigni n'est pas cinéaste à se plier aux impératifs de communication que lui dicte son statut d'oscarisé et d'homme très en vu dans le milieu cinématographique. L'adaptation cinématographique de la fable de Collodi, dotée d'un budget de 45 millions d'euros, se déroule dans les décors signés par le scénographe vedette Danilo Donati, à Papigno, près de Rome.150 acteurs et 4.000 figurants évoluent dans le «pays des jouets» conçu par ce dernier au milieu des maisons italiennes en carton-pâte, typiques de la fin du XIXe siècle. Les studios sont implantés dans une ex-usine d'engrais où Benigni avait réalisé La vie est belle, Palme d'or à Cannes en 1998 et lauréat de trois Oscars en 1999.