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Oran : Les démunis au centre comme à la périphérie
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Publié dans El Watan le 27 - 08 - 2011

Pour le commun des mortels, la seule évocation du nom de la capitale de l'Ouest, Oran, suscite inconsciemment le sempiternel refrain de : «Wahran El Bahia lil wanhar zahia».
Cependant, la réalité est tout autre. Des populations entières vivent dans la pauvreté au centre comme à la périphérie. La misère semble en outre former un chapelet à la périphérie de la ville à l'exemple du Douar Bouakeul, Douar Louz, Douar Bentazi, Douar Ranka, Douar Tiartia, El Hassi, Coca, Derb, Chteibo, etc.
A quelques encablures d'Oran, sur la RN4, caché par une succession de showrooms de constructeurs automobiles, se trouve le quartier populeux de Chteibo (Haï Nedjma, administrativement parlant). Un bourg sorti de nulle part durant les années 1980 pour grossir démesurément et atteindre aujourd'hui des proportions alarmantes. «Ici, nous confiera Kouider, la trentaine à peine entamée, c'est le royaume de la débrouille car les notions d'une vie décente n'ont aucun sens. Nous vivons illicitement dans des baraques sans aucune commodité depuis plus de vingt ans. Nous sommes les laissés-pour-compte de l'Algérie moderne aux portes d'Oran».
En effet, Chteïbo est confrontée aujourd'hui à d'inextricables problèmes liés à son développement. Un élu local, de la commune de Sidi Chami nous dira : «Cette circonscription administrative est passée de 500 habitants en 1985 à 50 000 habitants en 1990 pour avoisiner les 100 000 habitants aujourd'hui.
Pour beaucoup d'entre-eux, ils ont fui le chômage, la misère, l'insécurité et le désespoir. En un mot, le mal-vivre. Cet état de fait génère d'immenses demandes à satisfaire. La localité n'est toujours pas pourvue d'un réseau d'assainissement, ni d'eau potable, encore moins de viabilisation». L'atmosphère est franchement par endroits asphyxiante à cause des odeurs pestilentielles que dégagent certaines fosses septiques. Le seul moyen de subsister à ses besoins reste incontestablement le quartier de la brocante et de la ferraille, deux secteurs pourvoyeurs de main-d'œuvre. Malheureusement, si certains sont parvenus, tant bien que mal, à tenir le coup, rares sont ceux qui auront vraiment réussi à s'imposer dans cette jungle. L'indice le plus révélateur de la dégradation du niveau de vie et de la pauvreté est palpable à la décharge d'El Kerma ou de très nombreux pères de familles, la mort dans l'âme, luttent pour subvenir dignement aux besoins des leurs.
En effet, le nombre de chiffonniers est impressionnant. Ils sont très jeunes, adolescents, adultes ou même assez âgés ; des hommes mais aussi parfois des dames qui arrivent, chaque jour que Dieu fait, pour faire dans la récup. Le quartier d'El Hassi, communément appelé Haï Bouamama, à la sortie ouest d'Oran est une autre aberration, une plaie béante dans le mur de la cohésion sociale. En effet, ce quartier a été érigé, au mépris de la loi sur des pans entiers de la forêt arrachés en toute impunité pour ériger des baraques, dans un premier temps pour ensuite passer carrément à la construction en dur pour créer un véritable bidonville. Un élu local reconnaissait que «le secteur urbain Bouamama enregistre une prolifération inquiétante des constructions illicites, notamment aux quartiers ''Coca'' et ''le Rocher''».
A Arzew, même constat, il y a quelques semaines, une jeune maman meurt calcinée avec ses deux enfants dans sa baraque au bidonville de Oued El Mahgoun, mitoyen de la cité Ahmed Zabana. Là aussi, dans le poumon économique du pays, les signes de la misère et de la pauvreté sont relégués à la périphérie de la ville. Mais il suffit d'un tour au centre ville pour se rendre compte du nombre de personnes, tous âges confondus, qui font de la manche leur unique moyen de subsistance qui puisse leur permettre de s'accrocher à la vie tout simplement.
Après une dizaine de jours de jeûne, c'est surtout la cohorte de mendiants : femmes, hommes, enfants où même vieux installés aux abords des boulangeries, des marchés, boucheries, superettes et mosquées qui indisposent. Il est fort à parier que ces signes de précarité et autres excès ne risquent, malheureusement pas de s'estomper de sitôt.


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