Une polémique enfle autour d'une étrange inhumation dans un caveau familial. Hadj Taleb Salem, aux qualités généreuses, humaines et spirituelles reconnues, et propriétaire d'une zaouïa dotée d'une école coranique au quartier Debdaba qui accueille et héberge plusieurs élèves, était un bienfaiteur qui jouissait d'une grande estime auprès de la population. Son décès, la semaine dernière, survenu à la suite d'un accident de la circulation sur la route Béchar Lahmar (45 km), alors qu'il était de retour de sa ferme agricole, a été durement ressenti par les habitants de la région. L'inhumation de Hadj Taleb Salem, en présence des autorités locales, a eu lieu à l'intérieur du caveau familial intégré dans l'enceinte de la zaouïa. Sachant que le permis d'inhumer délivré par le P/APC, chargé d'assurer la police des funérailles, mentionnait le cimetière de Béchar Djedid, cela a toutefois suscité des interrogations jusqu'ici sans réponse. Sa famille serait-elle à l'origine de cette initiative, ou a-t-il laissé de son vivant un testament dans ce sens ? En tous les cas, la polémique enfle autour de cet inexplicable enterrement du défunt à l'intérieur du domicile familial, notamment par ceux attachés au strict respect des recommandations religieuses explicitement prescrites en la matière, et par ceux qui n'hésitent pas à mettre en relief la violation de la réglementation en vigueur, d'ailleurs en harmonie avec la tradition et l'égalité des citoyens devant la loi. L'inhumation contrevient en effet aux dispositions de l'article 1er de l'ordonnance n°75-79 du 15 décembre 1975 relative aux sépultures et qui stipule qu'«aucune inhumation n'aura lieu dans les mosquées, églises, temples, synagogues et généralement dans aucun des édifices clos et fermés où les citoyens se réunissent pour la célébration de leurs cultes ni dans l'enceinte des villes et villages». Selon les articles 2 et 3 de la même ordonnance, les lieux d'inhumation doivent être éloignés à 35 m de distance au moins des lieux d'habitation et loin des puits afin d'éviter toute contamination de ceux-ci lors de la décomposition des corps humains. Un imam interrogé à ce sujet rapporte que certains exégètes du droit musulman ont affirmé cependant que le privilège d'inhumer dans l'enceinte des zaouïas, suivi souvent de l'érection de mausolée, était jadis réservé aux savants, érudits et saints hommes qui prêchaient la parole de Dieu à travers d'infatigables pérégrinations.