5000 personnes, plus selon d'autres estimations, adeptes pour la plupart de la tariqa tidjania, ont pris part aux funérailles de cheikh Abdeldjabar qui a été inhumé hier au lieudit Aïn El Khadra, en présence du ministre des Affaires religieuses, M. Ghlamallah, en sa qualité de représentant du chef de l'Etat et du gouvernement ; du chef de la 4e RM, accompagné de plusieurs officiers de commandement ; des walis de Laghouat, de Djelfa, de Ouargla et de Biskra ; des députés et membres du Sénat. Cheikh Abdeldjabar, 10e khalifa de rang, est décédé hier en début de matinée, des suites d' une longue maladie qui ne l'empêcha pas pour autant de veiller personnellement à la finalisation du projet auquel il tenait tant, et ce, quatre années durant. Ce projet avait trait à la réalisation de la grande mosquée qui porte son nom et des structures annexes sises à proximité de M'hat Essoltane, siège permanent de la tariqa qui compte plus de 500 millions d'adeptes à travers le monde. Le défunt, qui s'est éteint à l'âge de 85 ans, naquit en 1920. Il fut à un âge précoce (22 ans) gratifié par son père Mohamed El Boudali d'el ijaza, délégation absolue du pouvoir spirituel. Le défunt, qui était de 1958 à 1962 comme agent de liaison, fut contraint, en l'absence de cheikh Tayeb, réfugié au Maroc, et de cheikh Ben Omar, alors détenu à Ouessara, de gérer les affaires courantes de la zaouïa. C'est là qu'il prit part activement à la mobilisation et à l'équipement d'une katiba entière qui gagne le maquis à partir de Aïn El Khadra. Nommé khalifa général en 1991 après le décès de Sidi Ali, politiquement correct, sollicité de toutes parts, il tenait à recevoir les représentants de toutes les tendances sur un pied d'égalité, de peur que la zaouïa ne soit impliquée dans les querelles du moment. Il s'opposa fermement à la création d'association se réclamant de la zaouïa. Modéré, humble, le cheikh est à l'origine, avec les cheikhs Belkaïd et Belkbir, de la création de l'association nationale des zaouïas. Par ailleurs, au cours des années 1990, il refusa de céder aux pressions et préféra rester à Aïn Madhi, rejetant les propositions qui l'invitaient à quitter le siège de la zaouïa, craignant pour sa sécurité. Il rejeta poliment les propositions émanant du roi du Maroc Hassan II, de Abdou Diouf du Sénégal et même de Kadhafi. Le défunt, qui a été élevé à la distinction nationale El Athir, a joué un rôle important dans le processus de paix au Soudan. Sollicité par Ali Othman Taha, il dépêcha son fils Grissi au Darfour (Soudan), porteur d'un appel qui ordonnait à tous les adeptes de la zaouïa de déposer les armes et de négocier. Des centaines de rebelles s'y conformèrent, ce qui fut considéré par l'ensemble des chanceliers comme un premier pas vers une paix qui reste à faire.