Les deux attentats kamikazes, qui ont ciblé le mess des officiers de l'Académie militaire interarmes (AMIA) de Cherchell, projetaient de faire un carnage sans précédent dans les rangs des officiers. Les planificateurs de cet acte criminel n'étaient, sans doute, pas informés du changement de la date opérée par le commandement de l'AMIA qui invite l'ensemble de ses officiers supérieurs et les officiers chargés de l'encadrement pédagogique au f'tour du 26e jour du Ramadhan, pour participer à des opérations de solidarité en faveur des enfants. Or, cette fois-ci la cérémonie a été avancée. Elle a eu lieu dans la soirée de jeudi au lieu de vendredi. Le hasard a voulu que nous empruntions cette route, qui borde l'AMIA et le mess, à 19h25, soit quelques minutes avant l'attentat. L'axe routier était désert. Pas un véhicule en stationnement. Des militaires se trouvaient le long de la route bordant l'AMIA et le mess des officiers, afin d'assurer le dispositif sécuritaire. Juste après la rupture du jeûne, un kamikaze est parvenu à s'introduire à l'intérieur pour, selon des témoignages recueillis sur place, se jeter sur une table en criant «Allah Akbar» avant de se faire exploser. Un mouvement de panique s'est aussitôt emparé des occupants du mess et des familles qui habitent dans les environs immédiats. Tout le monde s'est précipité vers l'extérieur. Des corps de militaires gisaient sur le sol du réfectoire. Le 2e kamikaze, resté à l'extérieur, simulait une panne de sa motocyclette. Un jeune soldat de la police militaire réagit immédiatement en le sommant de s'arrêter et de ne pas s'approcher. C'est en voyant la foule de militaires quitter le mess que le kamikaze a mis en marche, en un quart de tour, le moteur de son motocycle, pour foncer directement sur la porte du mess. Cette 2e explosion est celle qui a fait le plus de dégâts. Il est 19h45. Personne n'est autorisé à se rendre sur le lieu de l'explosion. Les victimes, grièvement atteintes, ont été évacuées vers l'hôpital militaire de Aïn Naâdja (Alger), et quelques-unes vers Blida. 00h15 à l'hôpital de Sidi Ghilès, situé à l'ouest de Cherchell. Le va-et-vient des citoyens n'a pas cessé depuis 20h. Incroyable élan de solidarité des habitants de Cherchell et de Sidi Ghilès avec les militaires blessés. Ils étaient tous orientés par le personnel de l'hôpital vers les salles de transfusion sanguine. Le personnel médical et paramédical de ces structures du secteur de la santé veillait à l'organisation des évacuations et les procédures administratives pour les victimes décédées. Au même moment, un chirurgien vient vers les responsables pour leur annoncer malheureusement le décès d'un officier militaire, en dépit des efforts fournis par le personnel au bloc opératoire. Parmi les victimes, on révèle la présence d'officiers supérieurs des pays amis (Mali, Syrie) en formation dans cette école prestigieuse de l'armée algérienne. 00h35. Une 3e explosion est entendue à Cherchell. Selon nos sources, il s'agissait de la neutralisation d'un engin explosif dissimulé par les kamikazes, selon toute vraisemblance, puis retrouvé par les artificiers des services de sécurité sur les lieux de l'attentat. Il est 2h du matin. Les sirènes se sont tues. Le mouvement des ambulances est suspendu. La spéculation sur le nombre des décès continue à alimenter les informations. Des sources non officielles parlent des décès survenus en cours de route des victimes blessées qui avaient fait l'objet des évacuations.