C'est dans un bain de sang, celui des militaires de l'Académie de Cherchell, que le Ramadhan 2011 s'est achevé, œuvre de kamikazes actionnés par des chefs terroristes qui ont tenu à souligner, une nouvelle fois, que toute période de jeûne en Algérie ne peut être que celle du djihad et donc du plus grand nombre de victimes. Le même scénario depuis deux décennies, l'intégrisme religieux, qui fait payer d'année en année à la société un lourd tribut pour pousser le pouvoir politique à capituler de plus en plus devant lui. Cette fois-ci, il lui est commandé d'aller bien au-delà de la Réconciliation nationale après que soit achevé le processus de libération de milliers de terroristes redevenant du jour au lendemain des citoyens à part entière, n'ayant de comptes à rendre à personne. Le second pas devra être la réhabilitation de l'islamisme politique, en d'autres termes le retour à la légalité de l'ex-mouvance FIS. Du chemin a été franchi, en ce sens, notamment dans des contacts informels entre responsables du pouvoir et des leaders islamistes. Pour que les «progrès» soient décisifs, le régime politique devra être davantage mis à genoux par l'aggravation du climat de terreur au sein de la population, notamment par le recours systématique aux kamikazes. Les chefs terroristes ont de nouveaux «atouts», leur présence active au niveau de la frontière algéro-sahélienne et l'arrivée massive d'armes de Libye après la chute d'El Gueddafi. En poussant l'armée algérienne à déployer des forces accrues pour faire face à la détérioration du climat politique et sécuritaire dans cette zone, les chefs terroristes affaiblissent la pression que l'ANP exerce sur eux dans les régions du pays où ils activent fortement, dans la Mitidja et en Kabylie, notamment. La balle est dans le camp du pouvoir, car le problème relève davantage du domaine politique que militaire. Les décideurs, à leur tête Bouteflika, ont-ils la volonté de barrer la route à l'islamisme politique, vont-ils céder aux sirènes de la réhabilitation de l'ex-FIS dissous ? Sont-ils conscients aujourd'hui que la Réconciliation nationale a davantage servi l'intégrisme que ses adversaires et qu'elle n'a fait que le légitimer et lui ouvrir la perspective d'un retour à la vie politique ? A ces lancinantes interrogations qui engagent l'avenir de toute l'Algérie et la sécurité de sa population, ils devront apporter des réponses claires dans un contexte qui a foncièrement changé : c'est celui des révoltes arabes qui ont disqualifié l'islamisme politique et remis au goût du jour le concept de libertés démocratiques.