Alger, cité des Beni Mezghenna, et ville de Sidi Abderrahmane vient d'être rangée, selon une étude britannique spécialisée, parue mardi dernier dans The Economist intelligence Unit, dans la loge des mégalopoles les moins vivables dans le monde. Parmi les 140 pays étudiés par les promoteurs de l'enquête réalisée sur la base de paramètres dont les conditions sanitaires, les infrastructures, le cadre de vie, la sécurité, le transport, l'environnement, notre capitale est classée à la 135e place. Une piètre place qui résume, à bien des égards, l'incapacité de nos gestionnaires à élever une ville au digne rang d'une capitale. S'il est illusoire de comparer Alger à Melbourne, Vienne, Vancouver, Toronto ou Helsinki qui occupent le top des cités où il fait bon vivre, il serait inconvenant de ne pas mesurer notre «assima» à des capitales arabes du bassin méditerranéen ; des villes qui offrent des conditions de vie aussi agréables qu'hospitalières, à l'image de Marrakech, Tanger, Beyrouth ou encore Tel Aviv, qui, en dépit des violences au quotidien, demeure la destination la plus prisée de la région du Proche-Orient. Erigée au rang de gouvernorat, au milieu des années 1990 du siècle dernier, Alger n'a pas été en mesure de se défaire de son visage hideux. Après la dissolution du gouvernorat, les chantiers engagés par-ci par-là ahanent. Morcelée en plusieurs Epic, l'administration de la wilaya d'Alger a du mal à accorder ses violons en matière d'harmonisation urbanistique, de valorisation des espaces, d'éradication de favelas, de gestion administrative efficiente et de projection infrastructurelle fiable. L'absence de coordination entre les départements concernés est on ne peut plus patente. Le foutoir relevé par endroits sur le plan de gestion de la voirie, la salubrité publique, l'embellissement, les services du transport et surtout le squat de l'espace public par le négoce envahissant de l'informel – sur fond de violence urbaine – pour ne citer que ces volets, demeurent le talon d'Achille d'une cité qui avance à reculons. Hormis certains quartiers juchés sur les hauteurs d'Alger qui laissent apparaître du clinquant, pour des raisons évidentes, le reste des zones du tissu urbain est, au risque de nous répéter, pitoyable. Alger ne daigne réagir qu'à l'approche d'une manifestation politique ou culturelle pour se rendre compte que rien ne va plus... On commence alors à s'escrimer, pour mettre, l'espace d'un événement, du cœur à l'ouvrage. Une fois les lampions éteints, on renoue avec nos vieux réflexes. On rentre en hibernation dans une ville qui s'essouffle. En clair, une médina à repenser.