La mort plutôt que l'humiliation.» La force du mot d'ordre des manifestations syriennes de vendredi contre le régime de Bachar Al Assad en Syrie n'a d'égale que le courage d'une population livrée depuis des mois à la politique du rouleau compresseur. Le régime de Damas, comme ceux d'autres pays arabes, n'a rien compris aux cris de révolte des jeunes de Homs, Hama, Daraa, Deir Ezzor et Damas. Aux promesses non tenues d'ouverture et de réforme, il a ajouté la répression à huis clos. Les médias ne sont pas autorisés à couvrir les événements sanglants. La télévision officielle fait dans la propagande. Fidèle au soviétisme des années de plomb, le pouvoir syrien croit toujours à la thèse des massacres à portes fermées. Selon les Comités locaux de coordination (LCC), qui guident les manifestations publiques anti-régime et qui utilisent parfaitement les nouveaux moyens de communication, 21 personnes ont été tuées froidement par les militaires syriens. Des militaires qui tirent sans retenue sur les civils désarmés. Depuis le début de l'insurrection contre le pouvoir de la seule République monarchique du monde (Bachar Al Assad a succédé à son père Hafiz Al Assad sans aucun respect pour le peuple syrien et son libre choix), 2200 personnes ont été assassinées par l'armée syrienne. Une armée qui se comporte comme une force coloniale dans les villes et campagnes du pays. Plus de 10 000 personnes ont été arrêtées, emprisonnées et soumises à des maltraitances de toutes sortes. Les militaires syriens et les «chabiha» (voyous recrutés par le régime) foulent aux pieds toutes les règles et droits universels protégeant la personne humaine. Fin avril 2011, les forces de sécurité syriennes n'ont pas hésité à kidnapper et à torturer à mort Hamza Al Khatib, 13 ans. La peau et le sexe de l'enfant ont été arrachés. Une sauvagerie qui n'a pas de nom. Le jour de l'Aïd El Fitr, ces mêmes forces ont ciblé la tête d'un adolescent dont les habits tout neufs ont été souillés de sang. Les villages, frontaliers de la Turquie, ont été terrorisés par les militaires syriens : viols de femmes, personnes âgées tabassées, cultures détériorées... L'armée israélienne, qui occupe le Golan syrien, devrait peut-être s'inspirer de ces méthodes barbares. Encouragé par le silence complice arabe, le soutien scandaleux de la Russie et de la Chine, les hésitations tactiques des Américains et Européens, Bachar Al Assad, qui veut, lui aussi, avoir ses trente ans au pouvoir, ne paraît nullement perturbé par les cris de révolte du peuple qu'il prétend diriger. Le tyran de Damas, comme celui, en fuite, de Tripoli, va jusqu'au bout de sa logique de terre brûlée. Il pense qu'il viendra à bout de la révolte en manipulant les informations et en parlant d'une prétendue rébellion islamiste. «Dégage !» crie la rue. La vie des mensonges est courte. Il est évident que tôt ou tard, Bachar Al Assad rejoindra la poubelle de l'histoire. L'espoir est permis, puisque le peuple syrien donne chaque jour une belle leçon de maturité et de résistance. Une leçon à suivre.