Il y a une année, jour pour jour, disparaissait Mohamed Salah Mentouri, ancien ministre et ancien président du Conseil national économique et social (CNES). Un hommage solennel lui sera rendu aujourd'hui au cimetière d'El Alia (carré des martyrs) à Alger. La disparition de ce commis de l'Etat, à l'âge de 70 ans, suite à un arrêt cardiaque, a laissé un vide incommensurable tant l'homme jouissait d'une aura incontestable. Ceux qui l'ont côtoyé ou connu durant sa longue carrière gardent de lui le souvenir ému d'un homme intègre et d'un cadre engagé et compétent. «Il était humble dans ses relations, d'une grande culture. Il se mettait à l'écoute de son entourage. Le défunt a marqué des générations après son passage en tant que commis de l'Etat dans plusieurs secteurs, ceux de la Jeunesse et des Sports, du Tourisme et du Travail», raconte M. Belhadjoudja, ancien chef de cabinet de M. Mentouri lorsque celui-ci prenait les rênes du CNES. Né en 1940 à Hamma, dans la wilaya de Constantine, le défunt a été durant la guerre de Libération nationale membre de l'OCFLN à Constantine puis en Tunisie et membre de l'Union générale des travailleurs algériens. Depuis l'indépendance, le défunt a en effet occupé plusieurs postes de responsabilité. Il a entamé sa vie professionnelle à la Banque d'Algérie. En 1969, il a rejoint le ministère du Travail. Il est désigné par la suite directeur général de la Sécurité sociale (1970-1980) et participa à l'élaboration des projets de textes ayant abouti aux lois de 1983. Entre mars 1982 et janvier 1984, il est nommé secrétaire général du ministère de la Formation professionnelle avant d'occuper le poste de vice-ministre chargé des Sports. En 1989, il est le premier président élu du Comité olympique. Trois ans après, Sid Ahmed Ghozali le nomme ministre du Travail et des Affaires sociales, puis ministre de la Santé et des Affaires sociales. «Durant sa carrière, il a fait appel à des cadres algériens pour les former et les amener vers la droiture et l'amour de la patrie. Il était intransigeant dans ses principes», ajoute M. Belhadjoudja. Feu Mohamed Salah Mentouri a été élu, en décembre 1996, président du Conseil national économique et social (CNES). Sous son règne, cette institution a élaboré des notes sans concession sur la conjoncture socioéconomique du pays. Il en a fait une institution digne de ce nom et de renom. «Il ne voulait pas faire du CNES un bastion de l'opposition, ni une caisse de résonance. Sous sa houlette, le CNES avait de la crédibilité», confesse encore son ancien chef de cabinet. Il démissionna du CNES le 3 mai 2005. Dans un entretien accordé à El Watan à l'époque, il expliquait avoir pris une décision «conforme» à ses principes et à ses convictions. Cela veut dire, selon lui, que face à la volonté de plus en plus manifeste du gouvernement de vouloir mettre au pas une institution qui a sauvegardé jusque-là un espace d'expression démocratique, il n'y avait pas d'autre alternative. «Le CNES dérange quelque part, ce n'est un secret pour personne. C'est la raison pour laquelle on a tout fait pour le réduire au silence», avait indiqué le président démissionnaire. Depuis, cette institution, dont les rapports de conjoncture sont déformés, est passée sous le rouleau compresseur de l'Exécutif. Même disparu, le défunt, pour l'ensemble de son œuvre, continue à forcer le respect.