Les premiers à en pâtir seront, d'après le ministre de l'Energie et des Mines, les grands pays exportateurs de gaz par gazoduc comme l'Algérie et la Norvège. S'exprimant, jeudi dernier, en marge des questions orales des députés de l'APN, Chakib Khelil a expliqué que les conséquences négatives qui découleront du conflit russo-ukrainien commenceront à apparaître sur le long terme. Les pays européens auront, d'après lui, retenu la leçon de l'arrêt des livraisons russes de gaz. « Il est à craindre que les pays consommateurs développent une politique de diversification des sources d'importation pour éviter de s'appuyer uniquement sur les gros pays producteurs », a affirmé M. Khelil. Les pays fournisseurs perdront ainsi, d'après lui, de gros marchés. La crise gazière n'aura cependant pas fait que des perdants. Les petits fournisseurs de gaz, comme l'Egypte, le Nigeria et le Qatar, devront profiter de la diversification des sources d'importation au détriment de l'Algérie. Pour l'heure, on n'en est pas encore là. L'Algérie, a souligné M. Khelil, a contracté des contrats à long terme. « Nous avons toujours adopté une politique de diversification des clients pour nous prémunir précisément contre ce genre de risques », précise-t-il. M. Khelil a assuré que l'Algérie « continuera à respecter ses engagements contractuels vis-à-vis de ses clients comme elle l'a toujours fait, même dans les moments les plus difficiles ». La Russie a récemment couvert, en raison du conflit gazier, des besoins supplémentaires de l'Italie et de la Grèce. « L'Algérie couvre tous les besoins, même si elle n'a pas de contrats avec ces pays », s'enorgueillit le ministre de l'Energie. Cela permet à notre pays, d'après M. Khelil, de créer de bonnes relations commerciales avec ces pays. « L'Algérie n'a jamais interrompu, pour quelque raison que ce soit, sa production de gaz. Nous avons toujours couvert les besoins même dans les moments les plus difficiles », argue-t-il. L'Algérie est le deuxième fournisseur de l'Europe après la Russie, avec près de 60 milliards de mètres cubes (gaz et GNL) contre près de 125 milliards de mètres cubes pour la Russie. La Norvège vient en troisième position. Il est à rappeler, par ailleurs, que la bataille du gaz entre Moscou et Kiev s'est terminée mercredi dernier. Après plusieurs jours de crise et une longue nuit de négociations, la Russie et l'Ukraine ont finalement conclu un accord pour cinq ans. La Russie vendra son gaz à l'Ukraine au prix de 230 dollars les mille mètres cubes, au lieu de 50 dollars l'année dernière. Notre pays ne peut, aux yeux du ministre de l'Energie et des Mines, remplacer la Russie, mais est en bonne voie pour l'accomplissement de son objectif d'atteindre une production de 85 milliards de mètres cubes de gaz à l'horizon 2010. A travers le projet Medgaz, connectant l'Algérie à l'Espagne, il serait possible, d'après lui, de transporter 8 milliards mètres cubes de gaz. La reconstruction de l'usine de Skikda devrait permettre la production de 6 milliards de mètres cubes. En tout et pour tout, a affirmé jeudi M. Khelil, près de 40 milliards de dollars des recettes provenant des hydrocarbures, durant l'année 2005, devraient atterrir dans l'escarcelle du Trésor public.