Le procès des 16 cadres de la police et des 3 dirigeants de la société privée ABM de matériel informatique aura lieu demain au tribunal correctionnel de Sidi M'hamed près la cour d'Alger. Parmi les inculpés, se trouve l'ancien colonel Chouaïb Oultache, auteur présumé de l'assassinat du patron de la police, Ali Tounsi. Cette affaire concerne des marchés de fourniture par la société ABM (Algerian Business Multimedia), de consommables d'informatique à la Sûreté nationale. Dix-neuf personnes, dont seize cadres de la police, sont poursuivies pour «dilapidation de deniers publics et violation de la réglementation des marchés publics», alors que trois dirigeants de l'ABM, à savoir Mohamed Antri Bouzar, en tant que PDG (qui détient 99% des actions), Toufik Sator, directeur général adjoint (gendre de Oultache, propriétaire à hauteur de 0,12 % des parts) et Zerouk Djaïdir, directeur commercial, sont accusés de «complicité de dilapidation». Parmi les cadres de la Sûreté nationale, douze ont été placés sous contrôle judiciaire et trois, dont le divisionnaire Dhimi, le commissaire Fettane et le colonel Oultache, sous mandat de dépôt. Pour ce dernier ainsi que Toufik Sator (son gendre), les chefs d'inculpation sont : trafic d'influence, collusion d'intérêt, dilapidation et complicité de dilapidation de deniers publics. Les deux autres dirigeants de l'ABM, Mohamed Antri Bouzar et Rezouk Djaïdir, ont été placés en détention provisoire, eux aussi. L'instruction judiciaire a conclu qu'Oultache, l'auteur présumé de l'assassinat de Ali Tounsi, aurait favorisé l'ABM, où exerce son gendre Sator, pour obtenir les trois contrats de consommables d'informatique selon la formule de gré à gré, en dépit des prix jugés excessifs, après qu'un avis d'appel d'offres eut été déclaré infructueux. Un des motifs, selon le dossier judiciaire, qui a suscité l'altercation verbale entre Ali Tounsi et Oultache, qui a précédé l'assassinat du DGSN. Mais si pour le juge il y a «trafic d'influence et collusion d'intérêt» entre Chouaïb Oultache et Sator Toufik de l'ABM, les avocats des patrons de l'ABM ont avancé, pour leur part, une autre version : «La société fait l'objet d'une cabale judiciaire parce que le gendre du colonel Oultache détient 1% de son capital. Le montant des marchés mis en cause représente un taux insignifiant du chiffre d'affaires de l'entreprise», ont-ils plaidé, précisant que «les dirigeants de la société ne sont que les boucs émissaires d'éléments étrangers aux poursuites». Mieux, lorsque Me Belarif a été interrogé sur le lien entre son mandant Chouaïb Oultache et la société ABM, il a affirmé : «ABM appartient à 99% à Antri Bouzar. Le gendre d'Oultache y travaille en tant que directeur général adjoint, chargé de l'organisation. En cette qualité, il détient, 1,2 pour 1000 des actions. Sa quote-part est vraiment infime pour pouvoir dire qu'elle lui appartient. Aucun élément susceptible de le lier à l'assassinat de Tounsi n'a été établi.» Et de préciser : «Oultache, son équipe et l'ensemble des représentants des structures de la DGSN font partie de la commission d'évaluation technique des offres qui siège au niveau de sa direction. Ils établissent un tableau comparatif des soumissions et le transmettent à la direction générale de l'administration (DAG), qui décide du choix de l'offre, en tant que service contractant.» Les mis en cause seront jugés demain par le tribunal correctionnel de Sidi M'hamed, après une longue détention qui n'a que trop duré. Ce dossier constitue, selon toute vraisemblance, la raison pour laquelle l'affaire liée à l'assassinat de Ali Tounsi reste encore non programmée pour être jugée en dépit du fait qu'elle est transmise à la cour d'Alger, pour être enrôlée.