Les hôtels Tibesti et Ouzo sont devenus les deux principaux QG des diplomates, journalistes et membres du CNT qui séjournent actuellement à Benghazi. Benghazi (Libye). De notre correspondante Dans ce cadre aux airs de RDA, les hommes en treillis, kalachnikov à la main, se fondent dans le décor. Les élus du Conseil de transition sont particulièrement bavards et les interviews vont bon train. La parole de ces nouveaux venus sur la scène politique libyenne se veut libre, mais ne l'est-elle pas un peu trop ? Depuis quelques semaines, déclarations hâtives et informations non vérifiées se relaient dans la presse internationale. Le chiffre de 50 000 disparus La dernière information qui tourne en boucle est le chiffre de 50 000 disparus depuis le début de la guerre. Othman Bensasi, représentant de la ville de Zouara, reste prudent sur cette annonce. Selon lui, il s'agirait d'un chiffre qui ne correspond à aucune réalité : «Les prisons de Tripoli ont été vidées et, de toute façon, elles ne peuvent pas accueillir autant de prisonniers ; autant de disparus qui sont recherchés par leurs familles, cela me semble invraisemblable.» Cet interlocuteur regrette le besoin qu'éprouvent certains membres à s'ériger en porte-parole. Il faut souligner que les membres du CNT ne sont pas moins de 88 ! Othman Bensasi explique cette ingérence de l'information par une immaturité politique : «Il n'y a pas eu de débat politique ni de parti politique en Libye depuis quarante ans, c'est un exercice difficile ; c'est la première fois que ces personnes prennent en charge une organisation», conclut-il. Ali Al Issawi, vice-Premier ministre ou limogé ? Autre cafouillage récent : Ali Al Issawi, ancien vice-Premier ministre du gouvernement soupçonné d'avoir eu une implication dans l'assassinat du chef des forces armées Abdelfateh Younès, le 28 juillet dernier, a été limogé et remplacé par son rival, Ali Al Tarhuni. Pourtant, lors d'une interview récente, sur la chaîne Al Jazeera, Ali Al Issawi s'est présenté comme étant toujours le vice-Premier ministre... «A n'y rien comprendre», s'exclament des Libyens rencontrés au café de l'hôtel. C'est le président du CNT Moustafa Abdeljalil lui-même qui avait ouvert le bal des communications hâtives en annonçant l'arrestation de Seïf Al Islam El Gueddafi… Autant de confusion ne rassure pas un diplomate en poste à Benghazi qui se dit inquiet quant à l'organisation d'un gouvernement digne de ce nom.