D'aucuns parmi les nombreuses personnes rencontrées aux marchés à bestiaux réglementés à travers la wilaya de Mila diront de prime abord que les prix du mouton sont relativement plus chers que l'année dernière. La différence peut aller de 3000 à 6000 DA, voire 8000 DA, selon que l'on opte pour un agneau ou un bélier, cette somptueuse et imposante bête à cornes qui fait pâlir d'envie le voisin du palier. Il fait un froid de canard en cette matinée du jeudi au marché à bestiaux de Chelghoum Laïd. Il est à peine 9h et le souk est déjà plein à craquer, en dépit d'une épaisse couche de boue et des cloaques, car l'endroit ressemble, à s'y méprendre, à un immense champ de bataille qui rend indispensable le port d'une paire de bottes en caoutchouc. Des acheteurs, des curieux et des passagers déambulent d'un troupeau à un autre pour s'enquérir des prix du mouton, façon de prendre le pouls. Mais tout le monde finira par déchanter, car la tendance est plutôt à la hausse, à voir les grincements de dents et la grise mine que font la plupart des pères de famille. Imperturbables, les maquignons, en force cette année, sont sur le qui-vive, se montrant intraitables et prétextant souvent la cherté des aliments de bétail. « Allah ghaleb ! Le prix du quintal d'orge nous revient à pas moins de 2300 DA et le fourrage est cédé à 500 DA le quintal », affirment-ils d'un avis commun. Cela étant, tout un chacun aura constaté que la réduction accordée sur le prix initial n'excède pas au mieux les 2000 DA, à la grande déception des clients qui ont fait leurs achats. A en croire quelques affirmations, les cours du mouton sont dopés entre autres par le phénomène des maquignons d'occasion et des « intermédiaires » qui guettent la bonne affaire pour le revendre sur place. Pour beaucoup d'observateurs, le prix assommant d'un bélier dépassant allégrement la barre des 26 000 DA ou encore un mouton de 25 kg proposé entre 20 000 et 22 000 DA, renseigne que le circuit des marchés à bestiaux est bel et bien sous le diktat d'une engeance de maquignons et autres revendeurs « sans foi ni loi » obnubilés par la boulimie de l'enrichissement rapide. Sinon, par quelle logique justifier le fait que les prix du mouton sont restés exorbitants tout au long de la semaine dernière, alors que normalement, ils devraient être indexés sur le tarif de la viande pratiqué par les bouchers. D'autant plus que la très grande disponibilité du cheptel ovin, confortée par les prouesses de l'élevage intensif qui caractérise les trois quarts du territoire de la wilaya et particulièrement les régions de la zone centrale et la bande Sud, comme Teleghma, Ferdjioua, M'Chira, Chelghoum laïd, Mila, Tadjenanet et Ouled Khelouf, est largement assurée cette année.