Une augmentation moyenne de 3 000 DA est confirmée par les maquignons eux-mêmes, et ce, en dépit de la prolifération de points de vente anarchiques. À quelques jours de l'Aïd el-Adha, le prix du mouton continue à prendre l'ascenseur. Comparé à l'année dernière, le prix est très cher au point où beaucoup de pères de famille au revenu moyen passeront certainement un Aïd sans sacrifice dans cette région à vocation agropastorale. C'est l'amer constat que nous avons fait à travers toutes les aires de vente et les marchés hebdomadaires de la région de Laghouat que nous avons sillonnée. Une augmentation moyenne de 3 000 DA est confirmée par les maquignons eux-mêmes. Le fait marquant comme à l'accoutumée, c'est qu'au chef-lieu de la wilaya comme à Aflou, Hassi R'mel, Hassi Dellâa, Sidi Bouzid et Sidi Makhmouf pour ne citer que ces localités, partout où l'on est passé, nous avons constaté la prolifération, de points de vente anarchiques défiant la réglementation délimitant les aires de vente et piétinant les règles hygiéniques et citadines au vu et au su des services concernés. D'où la difficulté des services vétérinaires de contrôler le cheptel. Les matricules des camions stationnés aux abords des routes, renseignent le simple visiteur que les maquignons viennent même des wilayas limitrophes (El-Bayadh, Djelfa, Ghardaïa, Béchar) pour écouler leurs bêtes à des prix surprenants. Dès l'ouverture du marché, la journée s'annonce très chaude puisque, pour les maquignons revendeurs (smasra), il faut arracher tôt, le plus grand nombre de têtes et en acheter des lots entiers pour les revendre à des prix qui donnent le vertige. Mais sachant qu'hormis ce rite que le citoyen ne peut pas priver sa famille du plaisir que procure la fête de l'Aïd, le client n'est aucunement roi. En dépit de la maladie de la longue bleue qui prend des proportions inquiétantes dans la région, ni les maquignons ne rassurent le client que leurs bêtes sont vaccinées ou non, ni le client ne l'exige. Le visiteur non avisé des régions du sud du pays, qui parcourt le long de la RN1 traversant le chef-lieu de la wilaya de Laghouat pour atteindre le grand Sud en passant par Ghardaïa, aperçoit ces éleveurs qui exposent leurs immenses troupeaux d'ovins pour la vente. Une scène qui ne cesse de revenir bien avant l'entrée au chef-lieu de la commune de Sidi-Makhlouf, située à une quarantaine de kilomètres au nord de Laghouat, jusqu'à Berriane, daïra relevant de la wilaya de Ghardaïa en passant par Bouzbeier, bourgade située à quelque 140 km au sud de Laghouat. On retrouve le même scénario dans les communes du flan nord-ouest telles que Tadjmout, Aflou, Hadj-El-Mechri. Quelques-uns des automobilistes allant vers les villes du grand Sud s'arrêtent par simple curiosité pour s'informer du prix moyen du mouton, d'autres pour en acheter. Comme s'ils se sont entendus sur l'argument à mettre en relief pour convaincre l'acheteur, la plupart d'entre eux nous ont répondu par le fait que “le prix du quintal d'orge leur revient à pas moins de 2 200 DA et le fourrage est cédé à plus de 600 DA le quintal”. Pour cet éleveur venu écouler ses moutons jeudi passé au marché hebdomadaire de Bellil, nouvelle ville distante d'environ 90 km au sud de Laghouat, “le pire des maux est le phénomène des maquignons d'occasion et des intermédiaires appelés communément smasra. Ceux-là qui guettent de bonheur, la meilleure affaire pour la revendre sur place”. À croire un client venu de Hassi-R'mel, là aussi, les prix ne semblent pas raisonnables comparativement à l'année passée. Pour un mouton moyen dont le poids net oscille entre 15 et 20 kg, son prix négociable l'année écoulée, varie entre 13 000 DA et 17 000 DA. Jeudi passé, le même mouton a été cédé avec 4 000 DA de plus. Il faut dire qu'à l'approche de chaque Aïd El-Adha, les prix des moutons, affichés à travers le territoire de la wilaya ainsi que dans les marchés à bestiaux, ne cessent d'augmenter jour après jour. En effet, à Hassi-R'mel, jusqu'à mercredi passé, par crainte de voir les prix “chuter” les derniers jours précédant le jour J, beaucoup d'éleveurs ont opté pour la formule d'écouler leurs animaux à un prix unique qui est de 20 000 DA le mouton. Mais ce n'est pas le cas pour le reste des éleveurs. Le mouton moyen est cédé entre 22 00 et 26 000 DA. Ce qui est hors de portée de la majorité des citoyens, plus précisément les pères de famille chômeurs et les petits fonctionnaires à faible revenu. Jeudi passé, au marché à bestiaux de Bellil, un mouton bien en chair dépasse les 28 000 DA, tandis qu'un petit agneau de quelque 10 à 15 kg frôle les 13 000 DA ! Le rituel du sacrifice, qui interviendra dans quelques jours, est pour beaucoup de citoyens interrogés, “une saignée budgétaire de plus pour les ménages, déjà ruinés par les évènements successifs, à savoir le mois de Ramadhan et la rentrée scolaire”.