Shari Villarosa, vice-coordinatrice des affaires régionales au bureau du coordinateur de la lutte antiterroriste au département d'Etat, n'a pas répondu clairement à une question, posée hier au siège de l'ambassade américaine à Alger, lors d'une conférence de presse conjointe avec le général Carter Ham, commandant des forces militaires américaines pour l'Afrique (Africom), sur le non- respect par l'Algérie du Blue Lantern Program (BLP). Ce programme porte sur le contrôle des armes exportées par les Etats-Unis. Un câble de la représentation diplomatique américaine à Alger, publié par WikiLeaks et datant de 2005, a révélé que le département d'Etat a bloqué la livraison d'équipements militaires en raison de la non-application par les autorités algériennes des conditions portées par le Blue Lantern Program (voir l'édition d'El Watan du 7 septembre 2011). A l'époque, une livraison d'une valeur de 30 millions de dollars avait été bloquée. «La coopération entre l'Algérie et les Etats-Unis est bonne. Elle s'améliore de jour en jour. Et les amis ne sont pas tout le temps d'accord à 100% sur les avis. Tant qu'il y a le respect mutuel et que l'amitié est réelle, la divergence de points de vue n'entame pas le partenariat», a-t-elle dit en termes diplomatiques. «J'insiste sur le terme partenariat entre l'Algérie et les Etats-Unis. Nous essayons tant du côté des forces armées américaines qu'algériennes de travailler ensemble et d'augmenter le volume de coopération en matière de formation. Et quand je dis formation, c'est apprendre les uns des autres. Il reste encore du chemin à faire», a déclaré, pour sa part, Carter Ham. La puissance militaire, selon Shari Villarosa, ne suffit pas pour éliminer la menace terroriste. «Nous avons une approche globale au département d'Etat, puisque nous travaillons avec l'Africom, les départements de Défense et de la Justice, le FBI et l'US AID», a-t-elle indiqué. La diplomate, grande spécialiste de l'Asie, a rappelé «la doctrine» des trois «D» de Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat : «Diplomatie, défense, développement.» «Cette approche, basée sur des discussions inter-institutionnelles aussi bien à Washington qu'à l'étranger, est la meilleure pour en finir avec le terrorisme et prévenir davantage de recrutement parmi les groupes terroristes», a-t-elle indiqué. Shari Villarosa a annoncé la tenue, le 22 septembre à New York, d'une rencontre qui aboutira à la création du Forum mondial antiterroriste (la conférence d'Alger, qui s'est achevée hier, n'est finalement qu'une étape de cette initiative). «Le terrorisme est une menace mondiale. Nous allons discuter des meilleurs moyens pour faire face à cette menace. Il y aura un échange d'avis entre experts, des propositions seront faites sur la mobilisation des ressources pour renforcer la capacité des pays demandeurs pour contrer le terrorisme», a-t-elle expliqué. Lors d'une précédente conférence de presse, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a annoncé la création de ce forum, dont l'Algérie sera membre. «Ce forum regroupe des pays ayant des capacités et des expériences à même de contribuer à l'éradication du fléau du terrorisme(…) Indépendamment de la définition du concept du terrorisme, il y a une stratégie mondiale de lutte contre ce phénomène et nous nous inscrivons dans cette stratégie», a-t-il précisé. Par ailleurs, à propos d'une question sur l'accueil par l'Algérie de la famille de Mouammar El Gueddafi, Shari Villarosa a estimé que les Etats-Unis respectent les résolutions de l'ONU. «Et je suis convaincue que l'Algérie connaît bien ces résolutions», a-t-elle répondu sans plus de détails. L'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Henry Ensher, a pris alors le micro pour dire : «Nous avons confiance en la politique étrangère de l'Algérie qui a toujours respecté et appuyé le droit international.» Alger a, en annonçant l'accueil officiellement pour des «raisons humanitaires» de la famille El Gueddafi, précisé avoir informé l'ONU et le CNT de cette décision. Le sort de cette famille, qui serait établie à l'ouest d'Alger, demeure inconnu.