Début août 2005, le département d'Etat américain a suspendu la livraison d'équipements militaires à l'Algérie. L'information est révélée par un câble signé par l'ex-ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Richar Erdman, datant du 14 août publié par WikiLeaks. Il est indiqué que la représentation diplomatique a informé le directeur des Amériques du ministère algérien des Affaires étrangères, Mourad Adjabi, de cette décision. Il lui a été précisé que le ministère algérien de la Défense n'a pas respecté l'obligation de vérification du matériel de guerre tel que convenu à travers le Blue Lantern Program (BLP). Chapeauté par le département d'Etat, le département de Commerce et le Pentagone, ce programme porte sur la vérification des armes, équipements et services militaires vendus par les Etats-Unis à d'autres Etats pour éviter la réexportation des technologies en application de la loi AECA (Arms export control act) sur le contrôle des armes exportées qui date de 1990. Le but du Blue Lantern est, entre autres, de s'assurer de «la sécurité et de l'intégrité» du commerce lié à la défense, renforcer la confiance entre le gouvernement américain, les Etats partenaires et l'industrie de l'armement et contribuer à la lutte contre le trafic d'armes. Sans autorisation des autorités américaines, aucun pays ne peut réexporter un matériel militaire «made in USA» à un autre pays. Un Etat qui ne respecte pas les conditions du Blue Lantern Program sera privé d'achat de matériel militaire dit sensible. Par exemple, il suffit que le gouvernement américain détecte un mouvement suspect de navires dans les ports, après une opération régulière d'exportation d'armement vers un pays, qu'il actionne les instruments prévus par le programme (accorder, suspendre ou retirer les autorisations de vente). Dans le câble, il n'y a pas d'indications sur le refus d'Alger de respecter ses engagements. Du matériel militaire destiné à l'Algérie bloqué par Washington L'ambassade a précisé avoir fourni au responsable algérien toutes les correspondances envoyées au ministère et qui visiblement n'avaient pas eu d'écho. «M. Adjabi a dit qu'il soumettra un mémorandum au secrétaire général du ministère des Affaires étrangères pour l'informer de la situation, lequel secrétaire général prendra attache avec le ministère de la Défense pour trouver une solution au problème, qui sera acceptée par le gouvernement américain», est-il relevé. La situation n'évoluait pas. Dans un autre câble datant du 30 août 2005, il est noté que l'ambassadeur américain a informé le ministère des Affaires étrangères des interrogations de Washington sur la non-exécution par l'Algérie des vérifications prévues par le Blue Lantern. «Par le passé, le gouvernement coopérait normalement. Cette coopération s'est arrêtée parce que ce gouvernement n'a pas répondu à nos demandes de contrôle sur deux opérations d'exportation de matériel militaire. Par conséquent, le département d'Etat a été obligé de suspendre des licences d'équipements pour l'Algérie», est-il noté. Il est rapporté que l'équivalent de 30 millions de dollars de matériel militaire destiné à l'Algérie a été bloqué par Washington. «Ceci n'est bon ni pour l'Algérie ni pour les Etats-Unis», est-il souligné. L'ambassadeur a pris soin de préciser que les Etats-Unis avaient confiance en l'Algérie mais pas dans une société sud-africaine, impliquée dans les deux opérations d'exportation. «Nous avons de fortes raisons de croire que cette société ne respectait pas ses obligations portées par les accords. C'était pourquoi nous avons eu besoin de la confirmation du gouvernement algérien que l'équipement est bien arrivé et était correctement utilisé», a soutenu Richard Erdman. L'ambassadeur, qui s'est plaint de n'avoir pas eu de réponse du ministère de la Défense, s'est demandé «à haute voix» (expression utilisée dans le câble) si le problème était lié à des changements dans le personnel au niveau de ce ministère ou au manque d'expérience avec la nature et la forme du programme de Blue Lantern. Il a insisté sur le fait que le manque de coopération avec ce programme était nocif pour l'Algérie. «Le problème a besoin d'être résolu rapidement», a-t-il dit.