Candidat aux primaires socialistes en vue de l'élection présidentielle de 2012, Arnaud Montebourg, qui est attendu à Alger aujourd'hui, a présenté mercredi matin à des journalistes de la presse étrangère son programme aux primaires socialistes et l'ouvrage Votez pour la démondialisation ! (Editions Flammarion) dont il est l'auteur. Paris. De notre bureau J'ai fait le choix de bâtir ma campagne sur une révision profonde, pour certains déchirante, des préjugés assez conformistes de ce que nous pensons et de ce que nous devons faire dans la mondialisation», a souligné le député socialiste. Et de dresser le tableau de la mondialisation au cours de ces quinze dernières années. Les dégâts pour les peuples européens sont considérables en termes de niveaux de salaires, d'appauvrissement, de déclin économique, alors que les avantages pour les peuples du Sud sont insuffisants, a-t-il indiqué, et d'affirmer que les gagnants de la mondialisation ce sont les entreprises transnationales, celles qui ont capté une partie de la valeur, et puis un certain nombre de puissances qui ont accumulé les excédents au détriment des équilibres mondiaux. «Le moment est venu d'organiser une reprise de contrôle du système financier, ce que j'appelle démondialisation financière.» Arnaud Montebourg précise que son livre Votez pour la démondialisation ! fait écho au mouvement de l'indignation des peuples qui se lèvent, pas seulement dans le monde arabe, mais aussi dans le monde occidental et qui «n'acceptent plus l'ordre d'appauvrissement que les marchés financiers sont en train d'imposer aux classes populaires et aux classes moyennes de tous ces pays.» Il reprend ensuite les propositions qu'il formule dans son ouvrage. Arnaud Montebourg propose d'interdire un certain nombre d'activités aux banques, de mettre des instances de surveillance dans les conseils d'administration, de retirer les licences quand les banques commettent des fautes, de les obliger au rapatriement des avoirs dans les paradis fiscaux, de taxer leurs profits pour endosser les dettes, soit de faire finalement en sorte que la banque redevienne «un service pour l'intérêt général et non pas pour l'intérêt de quelques-uns». «Je note d'ailleurs que dans les grandes nations mercantiles, la Chine, une partie de l'Inde, les Etats-Unis, le contrôle qui s'exerce sur la finance est beaucoup plus rigoureux.» «Réveil politique du monde arabe» En réponse à notre question sur les répercussions de cette crise financière sur les pays du Sud, Arnaud Montebourg considère qu'après la dépression des années trente, les pays qui ont sauvé leur démocratie sont ceux qui ont pris le-dessus sur le système financier. «C'est le cas du New Deal Américain avec le président Roosevelt ; l'Europe, elle, a fait la politique des marchés, ce qui l'a conduite au chaos, à la montée de l'extrémisme, du fascisme et du nazisme. Aujourd'hui, nous avons le devoir d'éviter que l'histoire ne se répète. Si nous ne reprenons pas la main sur le système financier, les populations se révolteront et ce que vous avez connu dans les révolutions arabes frappera à travers le mouvement d'indignation généralisé qui est en train de se répandre dans les pays occidentaux. C'est pourquoi je crois qu'il y a un bel exemple à suivre dans les révolutions arabes car, là aussi, un cycle politique est en train de créer les conditions d'une nouvelle croissance économique et certainement les chemins d'une prospérité à retrouver, car la démocratie va de pair avec le développement. Il y a un réveil politique du monde arabe qui débouchera vers la sécurité juridique, la limitation de l'arbitraire, donc l'attractivité pour l'investissement et surtout l'espérance pour la jeunesse de ces pays, laissée-pour-compte de la période précédente, à la fois sur le plan politique et sur le plan économique. Le recul de la corruption passera par l'instauration d'un Etat de droit solide. Chez nous, il y a aussi de la corruption, mais elle est, grâce à un Etat de droit qui s'est constitué dans le temps, pourchassée, poursuivie et condamnée. En tout cas, nous y veillons. C'est un des points sur lesquels le monde arabe aura gagné dans ces révolutions, c'est-à-dire de faire de sa stabilité politique, de sa démocratie politique une terre attractive pour les investissements futurs et pour la reprise d'un cycle économique vertueux.» Puis, à une question de notre consœur du Soir d'Algérie quant à l'éventualité d'une récupération de ces révolutions arabes par les islamistes, notamment en Libye, Arnaud Montebourg estime que «l'expérience de la décennie noire algérienne a apporté beaucoup d'enseignements aux peuples arabes qui ont compris que l'islamisme était un recul plutôt qu'un progrès, c'est pourquoi je suis assez confiant sur la maturité du peuple tunisien et de l'ensemble de ces peuples qui ne se sont pas défaits d'une dictature pour se jeter dans les bras d'une autre. J'espère que l'ensemble des dirigeants des pays arabes feront eux-mêmes la révolution sans attendre que les peuples la fassent.»