Depuis que la Libye est en crise, des commerçants et importateurs libyens, assistés parfois de Tunisiens, font le tour chez plusieurs opérateurs économiques algériens, installés notamment à Blida afin de négocier sur d'éventuelles opérations d'importation vers la Libye. La crise alimentaire qui se profile dans ce pays en situation de guerre pousse-t-elle nos opérateurs à penser à l'exportation vers nos voisins de l'Est où le marché y est porteur ?En effet, tout manque en Libye et l'industrie y est quasi inexistante. La Libye aura besoin d'une assistance commerciale étrangère tant qu'elle est à néant et cela peut être une affaire de plusieurs années. Même si les frontières algéro-libyennes ont été provisoirement fermées, certains opérateurs ne veulent pas rater une occasion en or où commerce rime avec humanisme. La solution : transiter via la Tunisie et le poste frontalier tuniso-libyen de Ras Djdir. Un itinéraire moins long par rapport aux postes frontaliers algéro-libyen (400 km de moins au minimum) et qui offre des conditions logistiques beaucoup plus intéressantes (routes goudronnées…). La société privée Vitajus (fabriquant de jus à Blida) semble bien comprendre l'enjeu. Elu meilleur exportateur hors hydrocarbures en 2008, cette société vient d'exporter (début septembre) au désormais ex-pays d'El Gueddafi presque 200 000 litres de jus pour un montant de 115 000 dollars. Vitajus a exporté la même quantité et vers le même pays, les premiers jours du Ramadhan. «C'est un bureau d'affaires tunisien, ayant une représentation à Alger, qui a fait la commande au profit de la Libye», déclare un responsable de cette entreprise, avant de poursuivre : «Notre seule condition est qu'on soit payé au préalable pour éviter tout problème. Une chose est sûre, on a eu des échos que notre produit est arrivé à destination où il est très prisé.» Les pâtes manquent en Libye Les Libyens sont de grands consommateurs de pâtes alimentaires. La crise qui sévit, depuis le début de l'année, dans leur pays les prive de manger leur nourriture préférée. «Je suis vivement intéressé par le marché libyen en cette période de crise multiforme dont le pays manque de tout», insiste Abdelkader Tayeb Zraimin, PDG du groupe Sim (Semoulerie industrielle de la Mitidja). En effet, d'importantes quantités de pâtes alimentaires devaient être exportées par cet opérateur économique, en pourparlers avancés avec un importateur libyen. Compte tenu du risque que présente ce pays en crise armée en termes de paiement, le groupe Sim conditionne le règlement à l'avance de la facture y afférente. «J'ai eu une commande de 200 000 tonnes de pâtes alimentaires. Les Libyens sont de grands consommateurs de pâtes. L'importateur libyen m'a exigé d'ailleurs des paquets de 1 kg au lieu de 500 g comme cela se vend chez nous», a-t-il ajouté. Le club des entrepreneurs et industriels (CEIMI), dont le siège est à Blida, compte sensibiliser ses adhérents quant à l'exportation vers la Libye. «Le marché libyen est une opportunité à saisir. Nous prévoyons d'ailleurs des rencontres avec nos adhérents portant sur l'exportation vers nos voisin du Su-Est », insiste Aggoune Abdelkader, président de ce Club. A noter que les produits qui sont très demandés en Libye sont le riz, la semoule, les pâtes alimentaires, le concentré de tomates, le thé vert et rouge, le sucre, le lait (pour enfants et concentré), dérivé du lait, viandes, fruits et légumes, légumes secs et conserves, poisson congelé, tabac, allumettes, médicaments, équipement médicaux et vétérinaires. Selon un rapport du service de l'information douanière (CNIS), la valeur des produits algériens (hors hydrocarbures), exportés vers la Libye durant le premier semestre de l'année 2011, s'élève à 5 618 321 dollars américains. C'est surtout Cevital qui rafle presque tout puisqu'il a exporté, à lui seul, pour une valeur de 4 501 921 dollars. Sinon, le reste des exportations vers la Libye (une dizaine de produits) demeure insuffisant.