Un nouveau bachelier sur deux est orienté dans les universités implantées dans les wilayas limitrophes. «J'abandonne les études. Je vais refaire le bac. Je ne pourrais jamais aller jusqu'à Jijel pour faire l'université. C'est trop loin. Je ne comprends pas pourquoi on ne m'a pas inscrit ici à Béjaïa», affirme, dépitée, Siham. Comme elle, beaucoup de nouveaux bacheliers à Béjaïa sont mécontents et tiennent à le faire savoir. Un nouveau bachelier sur deux est orienté dans les universités implantées dans les wilayas limitrophes. Sur 8 321 nouveaux bacheliers de la wilaya, seuls 4300 ont été acceptés à s'inscrire à l'université de Béjaïa. Le reste est orienté vers Jijel, Sétif et Bordj Bou Arréridj. Le rectorat de l'université de Béjaïa a gelé l'accès des nouveaux bacheliers à plusieurs filières. C'est le cas des sciences économiques, commerciales, gestion, droit et psychologie. La faculté de sociologie qui a pourtant été créée en février dernier, n'a accueilli aucun nouvel étudiant cette année. Dans son rapport qu'elle vient de présenter devant l'APW, l'administration de l'université qui justifie les raisons de ce gel, invoque «un important retard dans le lancement des travaux de réalisation d'infrastructures pédagogiques et des œuvres universitaires programmés.» «Aucune infrastructure n'est réceptionnée en 2010/2011, ce qui a fortement perturbé nos prévisions et particulièrement les conditions d'accueil des nouveaux bacheliers», justifie le rectorat. Dans son rapport présenté, il y a une année, devant l'APW, le rectorat avait pourtant annoncé «la réception, durant la rentrée de 2010/2011, de 4250 places pédagogiques». Mais cette explication liée au manque de places pédagogiques, est loin de convaincre les étudiants et les enseignants de l'université de Béjaïa. «Nous déplorons cette décision de gel de l'accès à plusieurs filières, prise d'une manière unilatérale par le recteur. Aucune structure pédagogique n'est associée à cette décision», peste le professeur Aït Saïdi, ex-Doyen de la faculté de droit et des sciences économiques de l'université de Béjaïa. «Ce n'est pas la meilleure manière de développer l'université», charge cet enseignant. L'an dernier, ces filières dont l'accès a été gelé cette année, ont accueilli près d'un millier d'étudiants, soit 20% du total des nouveaux inscrits. L'université de Béjaïa a accueilli 1254 étudiants issus des wilayas limitrophes, un effectif qui porte à 5561 le total des nouveaux inscrits, soit presque autant que les diplômés sortants estimés à 5150. L'an dernier, l'université a affiché une capacité d'accueil de 4970 étudiants. «L'année dernière, l'administration a ouvert des filières à l'image la filière Sciences et Techniques sportives qui est largement sous encadrée alors que l'on a gelé l'accès aux filières qui sont bien encadrées», critique le professeur Aïssat, membre du collectif des enseignants. L'université de Béjaïa qui compte 41 500 étudiants encadrés par 1480 enseignants, propose 188 offres de formation contre 173, l'an dernier, soit 15 offres de plus. Certaines nouvelles filières ont été ouvertes à l'image des sciences infirmières. «Face aux effectifs des nouveaux bacheliers qui progressent, d'année en année, le rectorat de l'université peine à réussir sa politique de planification», critique un enseignant. L'an dernier, les prévisions du rectorat tablaient sur un effectif de près de «54 000 étudiants en 2013». «L'explosion des effectifs était prévisible. Aujourd'hui le rectorat semble être dépassé. Ceci dénote un échec de sa politique en matière de planification et de gestion», déplore le professeur Aïssat.