Cette année dans les marchés à bestiaux du Zab Echergui, à l'instar de ceux de la région de Ouled Djellel (label incontesté de finesse de la chair et de goût exquis pour les fins connaisseurs), la tendance est à la baisse en ce qui le prix du mouton de l'Aïd par rapport aux années précédentes », c'est ce que nous ont répété à l'envi la plupart des gens que nous avons rencontrés dans les souks qui se tiennent quotidiennement à Zeribet El Oued et à Sidi Okba à deux jours de l'Aïd où comme d'habitude plusieurs marchands accourus de diverses régions du pays proposent leurs bêtes à la convoitise des clients. Il y a d'abord les gros éleveurs qui arrivent avec leurs camions autour desquels se bousculent une nuée de maquignons. Les blouses noires redoublent de férocité afin de rafler la totalité du chargement pour à leur propre compte ou pour celui des bouchers locaux. D'autres intermédiaires après avoir achetés les moutons en gros vont les revendre cinq minutes après, au détail, en faisant au passage un bénéficie appréciable. Il y a enfin la multitude de petites gens qui proposent un ou plusieurs moutons « mégrous » en d'autres termes des agneaux de lait achetés un an auparavant mais qu'ils ont élevés et engraissés avec soin chez eux. Ce sont les bêtes les plus prisées et par conséquent les plus chères disent les habitués, car un lien presque sentimental unit le propriétaire à son mouton dont il ne veut se défaire qu'à un juste prix. Quoi qu'il en soit, le reste des moutons destinés au sacrifice et qui coûtaient l'an dernier, à la même époque, plus de 25 000 DA, se négocient aujourd'hui à partir de 15 000 DA. Cela est dû au moins à deux facteurs, disent les habitués de ces marchés ordinaires ou informels qui se tiennent dans des terrains vagues à la périphérie des agglomérations - il y a d'abord l'engouement des consommateurs pour la viande congelée importée massivement par le ministère de l'Agriculture ; sa disponibilité depuis plusieurs années sur tous les étals des boucheries et son prix très abordable - qui ont cassé définitivement, semble-t-il, la spirale de la hausse des prix des viandes rouges à l'approche du Ramadhan et des fêtes religieuses. Enfin la sécheresse, qui dit-on, sévit dans les zones de parcours, poussent les pasteurs nomades à se défaire d'une grosse partie de leurs troupeaux pour acheter les aliments du bétail afin de préserver le reste de leurs moutons.