Additionnée aux actes terroristes, la multiplication des cas de bavure militaire depuis quelques mois génère un climat de lourde inquiétude dans la wilaya de Tizi Ouzou et ses régions limitrophes. La multiplication des cas de bavure militaire instaure un lourd climat d'inquiétude dans la wilaya de Tizi Ouzou.Le drame survenu à Fréha, provoquant la mort d'une femme de 55 ans, mère de 14 enfants, vient ainsi accentuer une angoisse déjà très lourde avec la persistance des actes terroriste dans la région. Les assurances données par les autorités militaires sur les sanctions qui seront appliquées aux auteurs de ces actes ne suffisent pas à rassurer une population qui exige désormais que des mesures soient prises bien en amont pour prévenir de nouveau dérapages, comme l'éloignement des cantonnements ou la protection des sites occupés par l'ANP des zones d'habitation. Le maillage sécuritaire de la région, justifié par la lutte antiterroriste, aurait dû, estime-t-on, s'accompagner de mesures visant à écarter la menace d'un militaire aux aguets qui se trompe de cible, ou d'un citoyen se hasardant par mégarde dans des périmètres potentiellement exposés à ce risque. Dans ce contexte, des voix se sont même élevées pour voir dans ces faits les éléments d'un «complot» visant à pousser la région dans un nouveau cycle de violence. Faut-il rappeler, à ce propos, que l'élément déclencheur dans ce qui fut le printemps noir en Kabylie, en 2001, a été la «bavure» commise à l'intérieur même de la brigade de gendarmerie de Beni Douala sur la personne de Guermah Massinissa. La réaction de la fédération du FFS, rendue publique hier, exhorte ainsi les citoyens à rester «vigilants» et éviter de tomber dans le piège d'un scénario visant l'embrasement. La population, quant à elle, tourmentée par la menace des actes terroristes et par celle des kidnappings, doit désormais composer avec le danger mortel de se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Un mauvais endroit qui peut être un raccourci de campagne, en plein village, qu'on a l'habitude d'emprunter, comme cela été le cas pour la défunte Zahia Kaci, il y a quelques jours. La bavure enregistrée le 23 juin dernier, qui a coûté la vie à un ouvrier journalier, renferme, elle, des éléments qui alimentent une autre sorte d'inquiétude. Dial Mustapha, originaire de la commune de Souamaâ, a été tué par des militaires qui se sont même livrés à des actes de saccage et de pillage à l'intérieur de deux habitations. Les villageois meurtris ont réagi, pour le moment, par des grèves et autres rassemblements qui interpellent les autorités sur la nécessité d'agir. 15 éléments de l'ANP, dont un capitaine, impliqués dans les dépassements survenus à Azazga, ont été mis en détention provisoire. Les membres de la famille de Dial Mustapha, les propriétaires des deux habitations saccagées par les militaires et le sexagénaire blessé dans ces dépassements ont été également entendus par le juge au tribunal militaire de Blida, comme partie civile. Pour le cas survenu à Fréha également, une enquête est ouverte et des témoins du drame ont été convoqués par la gendarmerie dans le cadre de l'instruction. La population attend de voir ces enquêtes aboutir évidemment, mais elle exige aussi que des mesures concrètes soient prises pour que des vies de paisibles villageois ne fassent pas les frais de nouvelles bavures.