22 ingt-deux heures passées au théâtre de Verdure, à seulement 50 mètres du ministère de la Défense, une foule de plus de 2000 jeunes hurlent et s'enthousiasment : «Amazigh président», «Echaâb yourid ezatla batel» (le peuple veut du cannabis gratuit). L'entrée d'Amazigh sur scène est impatiemment attendue depuis déjà une heure. Le groupe Tatafulla, programmé en première partie, séduit l'auditoire, mais tous savent pour qui ils sont là. Bonjour ma vie, c'est le premier titre qu'il interprète après avoir salué le public. Un texte de son père, l'écrivain Kateb Yacine, qu'il a mis en musique dans son dernier album. Les musiciens s'enflamment aux rythmes des indications que le chanteur donne, et le public danse, scande les refrains et en demande davantage. Amazigh s'exécute, son gumbri en main. Mociba, Coma, awanatchifly et bien d'autres morceaux suivent, entrecoupées par des échanges avec le public qui n'a de cesse de réclamer du cannabis gratuit. Le musicien ne tarde pas à commenter cet appel plein de dérision: « Vous demandez du cannabis parce que vous ne pouvez pas demander la chute du régime comme dans les pays arabes», ironise-t-il sous leurs applaudissements. Et d'ajouter : «Pour faire tomber le régime (Iskat ennidham) comme ils disent, il faut d'abord avoir de l'ordre (ennidham)». La foule s'enflamme et le concert se poursuit avec autant de subtilités musicales que de contestations ! Amazigh, qui a fêté sur scène son 39e anniversaire sous les acclamations du public, n'a pas manqué de délivrer un dernier message de prudence à ces jeunes venus l'écouter : «Ne pas prendre le volant en état d'ébriété et continuer à être aussi énergique». Un dernier concert d'Amazigh seul pour cette année, avant son retour avec Gnawa diffusion en avril prochain.