Les défis de la sécurité alimentaire ont débouché sur l'émergence de nouvelles orientations pour le secteur agricole dans le bassin méditerranéen. L'agriculture urbaine et périurbaine s'avère de plus en plus comme une alternative pour garantir aux populations des villes un approvisionnement durable en produits alimentaires. Pour mettre en évidence le rôle que joue ce type d'agriculture pratiquée au sein même des centres urbains ou dans la périphérie des grandes agglomérations, le centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes vient de consacrer le n°18 de sa lettre de veille, (publication trimestrielle) qui paraîtra mardi prochain, aux «agricultures urbaines en Méditerranée». Dans un exposé sous le titre de «redéfinir un rôle durable pour l'agriculture urbaine au Moyen-Orient et en Afrique du Nord», un groupe de chercheurs de l'université américaine du Liban estiment que «l'agriculture urbaine dans la région MENA souffre d'un faible voire même d'un total manque de reconnaissance de la part des planificateurs, des agronomes, des décideurs, des chercheurs et parfois même de la part des professionnels eux-mêmes», avant de conclure que «l'agriculture urbaine, bien que de tradition ancienne, joue toujours un rôle crucial dans la région MENA, sans pour autant qu'une action concrète soit mise en place pour la promouvoir». Qu'en est-il de l'Algérie ? Ainsi, au moment où des pays s'orientent de plus en plus vers le développement de villes vertes, les politiques de développement mises en œuvre en Algérie semblent prendre le chemin inverse. Dans la nouvelle édition de la lettre de veille du Ciheam, c'est la conversion accélérée des périmètres urbains et périurbains qui est mise en exergue. Il est noté, à cet égard, que «les politiques agricoles mises en œuvre ces dernières années n'accordent aucune importance à l'agriculture urbaine et périurbaine. Depuis le plan national du développement agricole (PNDA) de 2001, aucun programme de développement appliqué dans le secteur agricole n'a prévu de mesures visant à la promotion de ce type d'agriculture. Durant cette période, toutes les actions menées pour la relance des différentes filières agricoles appréhendent le développement du secteur dans sa dimension globale sans distinguer l'espace urbain et périurbain de l'espace rural». Evoquant l'agriculture urbaine en Tunisie, Hichem Radjeb de l'université de Sousse souligne que «la campagne et la ville entretiennent des relations aussi fortes que difficiles comme dans toutes les situations régies par des rapports d'interdépendance et de domination. Le milieu périurbain en Tunisie est le fruit d'une crise des campagnes des années 1930, d'un exode rural et d'une croissance urbaine spectaculaire. Elle est particulièrement prononcée dans les villes littorales, où elle se traduit par un envahissement des espaces agricoles proches».