Le mouton fait partie des traditions et le sacrifice est obligatoire ! » Sentence d'un chômeur qui compte sur sa sœur aînée, enseignante à Blida et non encore mariée, pour exiger la présence du bélier... dans l'appartement. 18 000 à 25 000 DA la tête le long de la route de Oued El Alleug où 53 revendeurs étaient comptabilisés sur un espace de 300 m2. Venus de Saïda, Tiaret, Djelfa, Aïn Defla, Khemis ainsi que des communes de la wilaya de Blida, les camions et camionnettes ne cessaient de déverser le bétail et son alimentation. A Sidi Abdelkader, le long de la route jouxtant le nouveau lycée, d'autres « communautés » de la race ovine s'installaient et étaient réparties selon le volume de leur laine ou le poids de l'ensemble. Approchés, des éleveurs préfèrent ne pas donner leur prix et attendent les propositions ou « révèlent » les prix donnés pour quelques têtes par des passagers. Le marchandage est de mise et chacun semble camper sur ses positions. A trois jours de l'Aïd El Adha, la fièvre n'est pas encore montée. Retour à la route de Oued El Alleug : il est remarqué l'absence des services vétérinaires, alors que nous sommes tout proches des abattoirs communaux. Le contrôle sanitaire pour celui qui veut l'exercer sur le produit acheté est absent. Les points de vente sont improvisés et régulés tant bien que mal par des rondes de la police et de la gendarmerie qui veulent surtout éviter le débordement des véhicules sur la chaussée. Des éleveurs affirment être venus avec leur propre cheptel et personne ne leur a demandé quoi que ce soit. « Nos moutons sont sains et ont été alimentés naturellement », lancera un éleveur à la mine farouche marquée par le temps et la pénétration du froid des nuits à la belle étoile. Pour lui, l'Etat n'a pas contribué par son aide à la baisse du prix du foin et les grands chemins de pâturage ne sont pas encore tout à fait sûrs. Le grand marchandage doit se dérouler lundi et les centaines - voire les milliers - de voitures accentueront la fièvre connue et reconnue de ces veilles de l'Aïd El Adha. Le rituel qui n'a jamais été une obligation religieuse impose aux familles de faire comme le voisin, d'être en accord avec « le devoir du sacrifice », de faire plaisir aux enfants. Dépense faramineuse pour les salariés, un spécialiste de la charia qu'il enseigne dans un établissement du secondaire, affirme qu'il serait souhaitable d'accomplir ce devoir, « quitte à s'endetter, à partir du moment où un salaire fixe et régulier est assuré. »