Les villageois de Laâzib Sklaoui et Tazmalt, deux hameaux de Timizart Loghbar, une localité distante d'à peine 6 km de la commune de Tizi Ouzou, vivent depuis plus de cinq années dans un persévérant climat d'isolement et d'insécurité. Des vols et agressions en tous genres ont lieu presque chaque semaine, contre des citoyens désarmés et livrés à eux-mêmes, au milieu d'une vaste plaine où les maisons sont éloignées les unes des autres. Cette situation profite aux bandits, de jour comme de nuit, qui commettent leurs forfaits en toute quiétude. Après les faux barrages des années de terrorisme, le temps est aujourd'hui aux vols de voiture et de bétail, devenus monnaie courante ces derniers mois, affirment les villageois de Laâzib Sklaoui, résignés. « Mon cousin a été délesté de sa voiture au moment où il s'apprêtait à la mettre au garage, juste avant la tombée de la nuit. Un fellah s'est fait aussi voler quatre vaches durant le Ramadhan dernier, sans compter les dizaines d'actes de vol d'autres objets et matériels que certains laissent en dehors de la maison », avance Hamid, la cinquantaine. « Le dernier vol a été commis contre une jeune fille, venue rendre visite à sa sœur. Des personnes inconnues lui ont dérobé ses bijoux, son appareil téléphonique portable et son argent et l'ont menacée de mort si elle criait », ajoute Madjid, son voisin. L'éloignement de ces hameaux du centre urbain de la ville de Tizi Ouzou encourage le banditisme dans toute la région de Timizart Loghbar où les rondes des services de sécurité se font très rares, souligne-t-on. Mais ce qui aggrave le phénomène du vol et des agressions à l'encontre de la population locale, c'est l'inexistence d'un réseau d'éclairage public dans le village agricole de Laâzib Sklaoui, ce qui aide les malfaiteurs à s'évaporer facilement dans la nature. Oued Aïssi, à quelques encablures du hameau de Laâzib, sert de zone de repli pour ces malfaiteurs, précise-t-on. L'état lamentable de la voie automobile accentue l'isolement de la région de la ville de Tizi Ouzou, indique-t-on par ailleurs. La vétusté de la route qui traverse des villages aux paysages féeriques a fait fuir tous les transporteurs de voyageurs qui préfèrent desservir d'autres destinations. « Comment peut-on demander à quelqu'un de rouler avec des véhicules qui coûtent une centaine de millions de centimes sur un chemin déchaussé et crevassé ? », s'interroge Hocine. Précarité ambiante La dégradation de la route a été causée par les travaux de réalisation du réseau d'assainissement qui longe le seul chemin de Laâzib et Tazmalt, déclarent les membres du comité du village. La stagnation des eaux de pluie, à défaut de réaliser des caniveaux pour leur évacuation, accélère le déchaussement de la route sur une longueur de plus de 2 km. La circulation automobile devient alors difficile et parfois impossible durant les moments de fortes pluies. Toute la population se trouve ainsi cloîtrée chez elle, otage du mauvais temps et de la démission des autorités locales de la commune et daïra de Tizi Ouzou. Les enfants ne se rendent pas à l'école jusqu'à ce que la voie soit dégagée, grâce à la mobilisation de leurs parents. Devant l'absence des pouvoirs publics, les villageois ont décidé de se prendre en charge.Ils ont procédé, il y a quelques mois, à la restauration de deux petits ponts avec leurs propres moyens, apprend-on. S'agissant du transport, ce sont quatre fourgons clandestins venus en renfort d'autres localités pour assurer l'axe Timizart-Tizi Ouzou, constate-t-on. Ces derniers n'arrivent cependant pas à répondre aux besoins de la population, affirme un sexagénaire qui faisait du stop depuis presque une heure, éprouvé par le froid glacial de janvier. Sous un nuage gris et une pluie fine, Rachid, un fonctionnaire à la wilaya, raconte avec amertume les difficultés que rencontrent ses deux enfants scolarisés au lycée de la ville, en raison du manque de moyens de transport dans sa région. « J'ai deux enfants qui doivent se réveiller à 6 h pour arriver à l'heure à l'école à cause de la suspension du ramassage scolaire depuis près de 5 années », dit-il soulignant les répercussions négatives qu'ont ce genre de problèmes sur le bon déroulement de la scolarité des jeunes écoliers. Evoquant, lui aussi, le phénomène de l'insécurité à Timizart Loghbar, il ajoute : « Nous sommes parfois contraints de les accompagner jusqu'à leur établissement par crainte d'agression. » Ne pouvant plus faire face au problème de l'insécurité auquel ils sont confrontés depuis plusieurs années, les villageois de Laâzib Sklaoui et de Tazmalt affirment avoir saisi à maintes reprises les successifs présidents d'APC de Tizi Ouzou et les responsables concernés de la wilaya. « A chaque rencontre, ce sont les mêmes promesses non tenues que nous entendons. Nos doléances sont restées lettre morte », dénoncent-ils. Outre l'isolement qui favorise le banditisme à Timizart, les habitants de cette région périphérique de la commune de Tizi Ouzou affirment que le ramassage des ordures est quasiment inexistant. « Nos champs et l'Oued Aïssi sont transformés en décharges sauvages », declarent nos interlocuteurs qui souhaitent que les pouvoirs publics se penchent sur les problèmes de leur région dans les meilleurs délais.